Trop-plein

Mardi 6 février 2018
22h33

Fact : les féministes nous font chier pour qu’on « féminise » la grammaire. Question : quand les Amerloques disent « her » en parlant de leur voiture, c’est positif, du coup ?

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23h04

J’ai fait des progrès. Pas forcément dans le sens social du terme. Aujourd’hui, ma collègue m’a encore raconté sa vie. Je vois bien qu’elle a besoin d’attention. Mais l’envers du décor, c’est qu’elle n’accorde son attention à personne.

J’admets évidemment ça de mes élèves parce qu’ils ont treize ans en moyenne. Ma collègue, qui me laisse rarement la place de parler… Non. Je suis désolée, Béatrice, que tu éprouves le besoin de te vanter d’avoir été interviewée par des sixièmes, et que tu en profites pour me redire à moi ce que tu leur as raconté. Mais t’as pas douze ans, et quand j’essaie de dire quelque chose, tu m’envoies chier parce que t’es pas d’humeur. Alors… Va te faire voir.
Je l’ai pas dit, hein. J’ai opiné du chef et c’est impossible qu’elle n’ait pas vu que je voulais m’en débarrasser. Quoi que…

J’estime que c’est un progrès parce que y’a quelques semaines j’aurais culpabilisé.

*

Je sais que je suis pas juste avec les féministes. Mais JE SUIS une femme. Qu’elles considèrent mon avis comme « lamentable » me place instantanément du côté des hommes. Si les chantres de « notre » condition me condamnent parce que je suis ne suis pas comme elles, qu’est-ce qu’il reste ?

Parmi nous, y’a des putes des lolitas des meufs qui refusent d’être mères, des quarantenaires qui se coupent les cheveux à la garçonne des voilées des pondeuses des allumeuses des gamines, des racistes des scientifiques des rêveuses des littéraires des punks des pochetronnes des madones et des iels. Pour ma part, et je suis pas, je pense, la seule, j’ai un cerveau en état de marche. Aussi, j’ai du mal à admettre qu’on veuille m’inculquer quoi que ce soit. La Tribune du Monde, avec Deneuve, j’étais d’accord avec. Si vous pensez que traiter mes semblables de connes affligeantes va faire progresser votre message, venez prendre quelques cours de pédagogie.

J’en ai ras-le-bol qu’on estime penser mieux que moi. Dans ce cas de figure, féministes et macho-men, même combat.

Mais foutez-moi la paix, bordel. Parce que vous ne vous entourez que de connards à qui vous donnez raison, moi j’ai tort parce que je ne les connais pas. Eh bah, j’sais pas, essayez de changer la donne. Essayez d’échapper à votre vie, bon dieu. Les mecs dont vous parlez, je les vois pas. Je ne dis pas qu’ils n’existent pas. Juste que vous glorifiez chaque jour leur pouvoir en parlant de leur société patriarcale. Putain, l’envergure que vous leur donnez, à ces pauvres mecs dépassés, persuadés de leur supériorité sur les femmes, mais aussi sur les gays les désaxés les drogués & co. !

On est vachement plus nombreux qu’eux, et rien ne nous oblige à les écouter. J’en ai soupé des pauvres victimes. Le pire, c’est que les rares femmes qui ont osé s’exprimer contre les hashtag weinstein & metoo se sont fait laminer. Comme si c’étaient pas de vraies femmes et/ou qu’elles avaient trahi leurs consœurs. Hey ! C’est des gonzesses aussi. Elles ont autant de légitimité que les autres à parler. Et quand elles disent « ça fait dix ans qu’on sait que c’est un porc », pardon mais elles ont probablement raison. Comme la fille à Allen : dix ans qu’elle essaie de se faire entendre. Et qui l’a envoyée chier ? Des femmes. Elles ont beau jeu de l’inclure dans leurs révoltes, maintenant. Dix ans qu’elles acceptent toutes de tourner avec le mec hype des Inrocks et Télérama. Dix ans qu’elles se foutent de la poire d’une meuf qu’elles érigent maintenant en égérie. Trop crédible. À peu près autant que les mecs qui ont soit-disant grandi avec une console entre les mains alors qu’ils harcelaient les geeks au collège.

Et qu’on vienne pas me dire que je suis pas du côté des victimes. Je l’ai toujours été. J’en suis une. Mais je crois pas que ce soit leur rendre service que de leur maintenir la tête sous l’eau. Je dis pas non plus qu’on peut se remettre de ses traumatismes. Certainement pas. Mais c’est pas une meuf qui s’est fait siffler dans la rue qui va m’apprendre que la life est trop difficile. Pauvre petit cœur. C’est pas parce que t’as de la thune que t’es pas dépressif. Non. Mais un poil d’humilité, ça fait pas de mal. T’es pas obligé d’étaler tes problèmes en place publique comme si t’étais le seul à en avoir, et si tu penses que c’est pour bâtir un monde meilleur, laisse-moi te dire : on va continuer de souffrir. Et désolée si je suis condescendante. On est né avec une conscience, alors oui, on va morfler. On va pas éradiquer le malheur. C’est triste ? Sans doute.

J’aimerais juste que les gens arrêtent de se prendre pour le centre du monde. Qu’ils cessent de monter au créneau chaque fois que le monde ne leur ressemble pas.

C’est ce que je suis en train de faire ?

Ah bon ? À part sur mon blog ? Quand est-ce que j’ai ouvert ma gueule pour faire savoir à Machin que je le trouvais trop con ?

Jamais. J’ai écouté ou contourné. Je me suis bouché les oreilles. J’ai tenu ma langue. Juste, s’il vous plaît, arrêtez de parler.

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