Erasure (c'est encore le mieux hein, effacer et recommencer. N'est-ce pas ?!)

 Vendredi 11 décembre 2020, 23h50
♫ Summoning, Of pale white morns and darkened eves

On n'est pas allées "voir" maman, cette année. On a dit "pas maintenant", on a répété "quand ce sera passé" et puis on y est juste pas allées.

J'ai dit à mes élèves "vous me prenez pour une conne" et je me suis pas aimée d'avoir dit ça.

Ah et j'ai perdu ma bague serpent dans cette même classe.

Ça fait des semaines que j'entends mes collègues dire "vivement les vacances" et qu'elles me saoulent un peu, parce que bon, ça va hein, on est en vacances toutes les sept semaines. En revanche, je reconnais que plus elles se rapprochent, plus les élèves sont difficiles, et je crois bien que je l'étais aussi hein, mais maintenant c'est moi la prof et ils me fatiguent, mais grave.

Hier j'ai rêvé que Mal' et moi échangions à propos de la réalisation d'un fantasme commun, et c'était très malaisant. D'une manière générale, je fais des rêves ou malaisants, ou énervants, depuis quelques jours. Donc même après avoir bien dormi, je suis de mauvais poil. Kitsu se blottit contre moi quand il rentre de sa (folle, j'imagine !) nuit dehors, et je pense à Owen et Victoria, mais ces derniers temps, j'ai tendance à me dire que je ne suis pas à la hauteur de leur gentillesse ni de leurs espoirs. "Vous avez corrigé les rédacs ? Vous l'aurez fait d'ici les vacances ?" Je sais pas, Victoria, je vais essayer, mais j'ai deux tas de copies de troisième, et puis vous et la seconde un, et c'est vraiment une réponse à la con à faire à une élève qui te confie toutes ses angoisses et qui a passé son weekend à refaire sa rédaction parce que son frère lui avait dit que c'était nul.

J'avais jamais eu de secondes, je les trouve plutôt cools parce qu'ils se rapprochent déjà plus de ce que "devrait" être un ado selon moi, mais ils me déstabilisent, je suis trop familière avec eux, parce qu'ils ne cessent de devenir ce pour quoi j'ai aimé devenir prof. Je suis pas une adulte sur qui on peut compter. Le problème, c'est que je suis pas leur grande sœur non plus.

Alors : c'est pas grave, c'est décembre et je suis déprimée tous les ans à la même date ? Ou c'est normal, va être temps de te remettre sérieusement en question, meuf ?

Atrabilaire

Souvent, je regarde la scène finale du Cercle des Poètes Disparus. Parfois, je regarde la scène finale de La vie de David Gale. (Évidemment, sans aucun sens si vous n'avez pas vu le film, dans ce cas, surtout ne regardez pas.)

 


The Haunting of Bly Manor

Samedi 28 novembre 2020, 00h07

J'ai souvent voulu en parler sans jamais réussir, alors je laisse ça là sans fioritures.

"So... My mum.

She was 67. Except sometimes, by the end, she forgot that. Called me by my dad's name, or her brother's... And I tried to.. pretend... that I didn't know who I was supposed to be. They didn't say any of that at the funeral. They wouldn't. They just... smoothed it over, and made it nice. So they left out all the bad stuff. And all the good stuff. They didn't say how funny she was.
(...)
And she loved me. So hard... It hurt. Sometimes. No matter what I did. She was gone long before she died. And I miss her. She was my ancre. And I suppose she was my... burden. Christ... She seemed so small, at the end. But still so... heavy. And I... All I could do was just let her hang out to me, until it was time to let go. And soon I will let her go too."

The Haunting of Bly Manor, épisode 4

J'ai regardé ce passage, encore et encore. Y'avait eu Hill House, je pensais que je finirais par trouver les mots. Je ne peux pas. Parce que parfois, très rarement, une œuvre vous transperce, vient se ficher au fond de vous, et que Bly Manor, alors même que je l'ai moins aimée que Hill House, a fait ça.

Je fuis les drames cinématographiques parce que la plupart du temps, j'ai l'impression qu'ils ne me confronteraient qu'à une réalité que je ne connais que trop bien et n'ai pas envie de voir re-matérialisée alors que je cherche à m'en évader. Je me rends compte que ce que je fuis, surtout, ce sont les leçons de morale et les histoires qui finissent avec des cœurs qui clignotent sur un crépuscule romantique - du moins, les œuvres dont je suppute qu'elles ressemblent à ça.

Parce que j'ai vu dix fois le final de La vie de David Gale, sans doute deux fois plus ce passage de Bly Manor, et qu'un jour j'ai poussé le vice jusqu'à affronter de nouveau la scène où Di Caprio et Winslet se hurlent dessus dans Les noces rebelles. J'ai beaucoup pleuré, et ça m'a fait du bien.


Je pensais parler de Hill House et de Bly Manor mais ce sont elles qui ont parlé pour moi. J'aime à penser que, vu leur succès, ces séries ont parlé de plein de gens, et je trouve ça fou, d'être capable d'écrire un truc si personnel et universel à la fois, qu'il nous prive de mots et nous laisse seul face à nous-mêmes.

She was gone long before she died. And I miss her. She was my ancre. And I suppose she was my burden. And soon I will let her go too.