The Haunting of Bly Manor

Samedi 28 novembre 2020, 00h07

J'ai souvent voulu en parler sans jamais réussir, alors je laisse ça là sans fioritures.

"So... My mum.

She was 67. Except sometimes, by the end, she forgot that. Called me by my dad's name, or her brother's... And I tried to.. pretend... that I didn't know who I was supposed to be. They didn't say any of that at the funeral. They wouldn't. They just... smoothed it over, and made it nice. So they left out all the bad stuff. And all the good stuff. They didn't say how funny she was.
(...)
And she loved me. So hard... It hurt. Sometimes. No matter what I did. She was gone long before she died. And I miss her. She was my ancre. And I suppose she was my... burden. Christ... She seemed so small, at the end. But still so... heavy. And I... All I could do was just let her hang out to me, until it was time to let go. And soon I will let her go too."

The Haunting of Bly Manor, épisode 4

J'ai regardé ce passage, encore et encore. Y'avait eu Hill House, je pensais que je finirais par trouver les mots. Je ne peux pas. Parce que parfois, très rarement, une œuvre vous transperce, vient se ficher au fond de vous, et que Bly Manor, alors même que je l'ai moins aimée que Hill House, a fait ça.

Je fuis les drames cinématographiques parce que la plupart du temps, j'ai l'impression qu'ils ne me confronteraient qu'à une réalité que je ne connais que trop bien et n'ai pas envie de voir re-matérialisée alors que je cherche à m'en évader. Je me rends compte que ce que je fuis, surtout, ce sont les leçons de morale et les histoires qui finissent avec des cœurs qui clignotent sur un crépuscule romantique - du moins, les œuvres dont je suppute qu'elles ressemblent à ça.

Parce que j'ai vu dix fois le final de La vie de David Gale, sans doute deux fois plus ce passage de Bly Manor, et qu'un jour j'ai poussé le vice jusqu'à affronter de nouveau la scène où Di Caprio et Winslet se hurlent dessus dans Les noces rebelles. J'ai beaucoup pleuré, et ça m'a fait du bien.


Je pensais parler de Hill House et de Bly Manor mais ce sont elles qui ont parlé pour moi. J'aime à penser que, vu leur succès, ces séries ont parlé de plein de gens, et je trouve ça fou, d'être capable d'écrire un truc si personnel et universel à la fois, qu'il nous prive de mots et nous laisse seul face à nous-mêmes.

She was gone long before she died. And I miss her. She was my ancre. And I suppose she was my burden. And soon I will let her go too.

L'indécence

 Samedi 14 novembre 2020, 02h00

J'ai fait un truc dont je ne suis pas fière. Je suis allée voir si kreestal avait posté quelque chose ; franchement, c'est naze. J'en aurais pas parlé si je n'y avais pas lu un truc qui m'avait fait bondir, parce que clairement, aller espionner ce que font les gens avec qui t'as coupé les ponts, ça donne pas une super image de toi.

Mais ce que j'y ai lu m'a tellement révulsée que j'en ai plus grand-chose à foutre de la nommer ni de me présenter comme une connasse.

Figurez-vous qu'elle a acheté une maison, et que ça a engendré une "fatigue morbide" et une "charge mentale colossale."


Déjà quand tu te présentes comme féministe - intersectionnelle ! -, t'approprier les termes de "charge mentale" pour parler des préoccupations qui t'ont tenue éveillée lors de l'achat d'une maison, alors que, il me semble, ils servaient à désigner la pression invisible mais constante qui pesait sur les femmes qui devaient gérer en vrac le ménage, l'éducation des gosses, leur apparence et leur taf, ça me semble déplacé. Mais alors la qualifier de "colossale"...


Je trouve ça tellement profondément indécent. Déjà, tous les gens que je connais qui essaient d'acheter en ce moment sont confrontés à un marché hyper tendu, et n'ont pas les moyens d'investir face à des clients capables d'aligner 300 000 balles cash. Mais même sans aller jusque juger de ses capacités financières...

Je vais faire dans le cas particulier, excusez-moi. Catherine, ma collègue AVS, a : une fille trentenaire atteinte de la sclérose en plaque, un gosse de vingt ans qui enchaîne examen médical sur examen médical, et des jumelles en terminale dont une atteinte d'un problème à la thyroïde. Catherine, par ailleurs, gagne 600€ par mois et a quitté un mari qui la frappait.

Ma sœur gagne parfois dans les 2000€, souvent deux fois moins, et parfois rien du tout.

Son mec est aide-soignant, il est payé au smic (14 623 € annuels nets), son père était violent et il n'a plus aucun contact avec sa mère. Il a chopé le covid et son opération prévue le 10 de ce mois-ci a dû être repoussée au mois prochain.

Mon mec arrive toujours à se verser un salaire, mais a mis son salarié en chômage partiel et ne sait pas s'il pourra gérer les chantiers s'ils viennent, ni s'il y aura des chantiers.

Mon père a bossé 70h/semaines pour financer les études de ses deux filles et le matériel médical de ma mère, décédée de la sclérose en plaque il y a trois ans.

Mon ami Yann souffre de problèmes d'articulation l'obligeant à porter un genre de combinaison de plongeur (pardon, Yann, pour l'imprécision de ma description.)

Son père est actuellement soigné pour un cancer.

Corine est atteinte de fibromyalgie.

Karine traverse un divorce difficile, avec les enfants au milieu.

Karen et Valérie sont veuves, leurs gosses ont max quatorze ans.

Je ne parle même pas de tous les sujets abordés par Marie au fil de ses billets : surdité, viols, pauvreté extrême, et j'en passe.

Mais son achat d'une maison aux abords de Rennes a été la source d'une fatigue morbide et d'une charge mentale colossale. Ceci dit, "aujourd’hui, rassurez-vous, ça commence à aller un peu mieux."

 


Ouais je sais c'est toujours la même. Mais SHAAAAAME ON YOU