Conjonctions

Jeudi 17 mai 2018, 21h02
♫ Thomas Otten

Tu sais, ça fait presque un mois que j’ai pas écrit. Traduction : ça fait presque un mois que je vis en apnée. Le rapport, c’est que si j’écris rien, c’est que je ressens rien. Ou que j’arrive pas à le dire, ce qui revient quasiment au même. J’ai tourné en boucle sur ma colère, qui est réelle, et en même temps, pas vraiment. Elle explose quand on appuie sur le bon bouton – et je vais pas m’en excuser, parce que je pense qu’absolument tout le monde possède un seuil, ou un jardin dans lequel personne ne devrait se sentir autorisé à pénétrer. Mais en dehors de ça, je suis bien plus sereine qu’autrefois. Parce qu’un peu plus distante, mais je ne pense pas que ce soit un mal, parce que distant ne veut pas dire froid. Ça veut dire que je prend du recul, pas que je m’en fous. Je ne me sens plus agressée par les humeurs d’autrui. Je sais faire la part des choses.


Mais ma colère, c’est le seul truc que je maîtrise. C’est le seul truc qui m’appartienne en propre. Ces dernières semaines, j’ai été terrifiée de ne pas être à la hauteur. C’est pas un sentiment que j’ai envie d’explorer, alors je me suis recluse. Je l’ai évité. C’est le doute qui me paralyse. C’est lui qui me souffle que je n’ai plus rien à raconter, lui qui me dicte les conditions de mes redditions.


J’écoute la playlist Chill Out de Maloriel et je me rends compte combien je suis fucked up. Tous ces morceaux supposés me détendre me rapprochent du centre de moi-même. Et ça ne me relaxe pas. Ça me rend infiniment triste.
Ça me fait le même effet que ce jour d’avril où j’ai pleuré en écoutant A warm place de Nine Inch Nails. Jamais – jamais – je n’avais envisagé que A warm place puisse évoquer la mort. Maintenant, tous les morceaux que je trouvais beaux me font monter les larmes aux yeux.


C’est pour ça que la colère. Comme un feu liquide, dans mes veines, qui me rappelle que je suis du genre à être so fucking alive.

Pourquoi tout ce qui est beau me donne envie de fumer des clopes trop tard ? Pourquoi ce que Mal’ classe en « chill out », je le classe dans ma playlist « Apocalypse Now » que je me passe quand j’ai envie d’être traversée par l’épouvantable idée de l’éphémère ?

Les autres peuvent bien vivre des épopées et mourir fiers – même si nostalgiques – en imaginant la valeur qu’a pris leur vie dans le sacrifice. Moi je veux juste pas mourir. Je veux me brûler les poumons pour l’éternité. Je veux faire chanter des lames sur mes poignets sans jamais en crever. Je voudrais être comme les vampires : désespérée de ne pas mourir. Alors j’irais m’exposer au jour et je partirais en fumée. Je refuse cette idée que la vie soit belle parce qu’elle est courte. C’est ce que se disent les gens sans imagination. C’est paradoxalement ce qui les empêche de la vivre : ça justifie qu’il ne se pose pas la question de ce qu’ils vont en faire. Ils n’ont pas le temps, apparemment. Toutes les questions existentielles qu’ils auraient dû se poser, ils les ont évacuées d’une simple phrase : « nan mais c’est beau, parce que c’est court ».


Ouais, ta vie passée à te préoccuper de ce que machin allait penser de ta coupe de cheveux, elle est vachement belle parce que ça a pas duré trop longtemps.


Je suis contente d’être en colère parce que la fille que sur le web on appelait Kali il y a quinze ans, elle pensait la même chose. Ensuite, elle est rentrée dans le moule bon gré mal gré, pour survivre, et ensuite elle est devenue adulte et elle a compris qu’elle avait le droit d’être qui elle était. Donc aujourd'hui, elle est entière.


Récemment, on m’a dit que la méditation n’avait pas dû trop m’aider, vu toute la haine que j’avais encore en moi. Ben si, justement. J’ai aussi appris que j’avais le droit d’exister, merci beaucoup. Je ne dis pas que ça justifie mes coups de sang. Mais quand les gens qui me jugent seront capables de la patience et de la bienveillance dont j’essaie de faire preuve au quotidien, et qui sont tellement diamétralement opposées à ce que j’étais, peut-être que j’admettrai qu’ils me fassent la leçon. Mais… de toute façon… Les gens bienveillants ne vous font jamais la leçon. J’en côtoie tous les jours, et t’imagines pas ce qu’ils m’ont appris.


En revanche, je n’attends aucune patience des gens blessés. Et je crois qu’il serait temps que certaines personnes admettent que je suis une louve aux abois. J’ai l’impression que beaucoup de gens sont bienveillants en théorie, mais confrontés au traumatisme ou à la douleur, ils ne te prennent pas au sérieux. Eh bien, sachez-le : je suis une personne à vif, pour des raisons qui me sont propres. Et si votre bienveillance ne peut s’étendre qu’à des gens que vous ne connaissez pas, ou qu’au contraire vous connaissez par cœur, alors vous n’êtes ni altruistes ni sympathiques. Vous êtes des imposteurs.

Tu claqueras d'un AVC à quarante ans

Avant, il y avait Saez.

Après, il y a eu Fauve.

Tu sais pas à quel point ça m'a fait mal, Fauve. À quel point j'ai aimé, forcément (j'aime toujours quand on me fait mal, ça veut dire qu'on me comprend.)


"Tu nous entends la mort, tu nous entends ? Si tu nous entends, sache qu'on laissera personne derrière.
On est tellement nombreux à être un peu bancal."

Et puis Voyou.

"J'suis pas une belle personne
J'suis une sale bête
Une bouteille de gaz dans une cheminée
Et j'vais finir par t'sauter au visage si tu t'approches trop"



"Pardon?
Que j'parle un peu moins fort?
Ah, on vous dérange, en fait, merde
Et bah si on t'dérange, tu t'casses
Ou sinon, tu fermes ta gueule, tu r'gardes ton assiette
Et tu nous fous la paix 5 minutes
Le temps que j'termine, tu peux faire ça?
Qu'est ce qu'y a?
Ça t'gêne qu'on t'coince comme ça, devant tout l'monde?
Ah ouais, c'est chiant, j'comprends mon gars
Mais dis toi que t'as d'la chance, toi
Toi t'es né bien comme il faut, t'es solide, t'es cohérent
Tu mets personne mal à l'aise dans les restaurants
Tu dors bien sur tes deux oreilles
T'es un bon p'tit français, t'es beau, t'es bien
Comme un magasine de déco, comme une maison témoin
Ça t'arrive pas ces choses là, hein?
Tu vois absolument pas d'quoi j'parle?
Et bah ouvre pas trop la porte de ton placard, alors tu pourrais être surpris
Ça va t'faire tout drôle, le soir, où les choses que tu pensais avoir enfouies
T'font savoir, qu'en fait, elles étaient là, juste là, planquées sous l'tapis
Elles sortent une main, puis te plantent une seringue dans l'pied, avant d'disparaître
Alors là, ça t'prend à la gorge, comme des odeurs d'ammoniac
Ça t'colle des sueurs froides, t'as les dents qui claquent!
Beh non j'me calme pas, j'me calme pas!
...
Ce soir j'veux juste hurler.
...
Mon optimisme débile, mon zèle dangereux, mes réflexes à la con
Mes accès d'colère, ma culpabilité bidon, ma sexualité en vrac et mes fantasmes tordus
De hurler ma peur panique des autres
Ma mesquinerie sournoise, mes regrets, mes erreurs
Mes névroses, mes obsessions, mes méta-obsessions
Ma phobie d'la douleur, de la perte, du suicide, de la dépression"

Tu veux que je dise quoi, après ça.

They're coming to take me away ha ha ho ho hi hi ha ha

Dimanche 6 mai 2018, 22h23
♫ Belenos – Sord-Mor (en boucle, jusqu’à expurger la putain de fureur qui m’anime en cet instant)

Et enfin, la rage. La vraie, la dévastatrice, la purificatrice. Comme dans Aggretsuko ! Ce point de non-retour au-delà duquel tu te dis « ok, j’ai fermé ma gueule jusque-là. Tout ce que tu as perçu comme des coups de sang étaient des degrés et des degrés en dessous de ce qui va t’arriver dans la gueule maintenant. »

« J’ai également été choquée par la fin de ton dernier billet sur les personnes handicapées (…) ces billets proposent une vision diamétralement opposée aux valeurs que je promeus sur (….) (dont le féminisme intersectionnel – qui englobe notamment l’inclusion des personnes handicapées dans la société » Ouais, j’ai cutté le lien vers le site de la personne qui me parle, mais, allez, c’est facile, elle a un avis sur tout et publie mensuellement un petit guide de savoir-penser à base d’articles courageusement écrits par des gens plus engagés qu’elle.

Tu sais, la meuf qui vient me dire comment on devrait traiter les handicapés alors qu’elle n’a pas la moindre idée de ce qu’est le handicap, elle me fait penser à ces gens qui viennent t’expliquer qu’on devrait tous accueillir des réfugiés, mais qui évidemment n’en a pas chez elle.
Moi aussi, j’suis pour l’accueil des migrants, connasse. J’ai juste pas de solution pour ce faire. Alors quand tu viens m’expliquer que t’es pour l’inclusion des enfants handicapés dans mes classes, j’ai envie de te jeter une truelle à la gueule. Et bah viens ! Aide-moi ! Donne-moi une putain de solution !

Et surtout, surtout : prouve-moi que t’as compris ce que ça signifiait pour l’enfant en question. Montre-moi, mais montre-moi vraiment, en quoi ça lui profite. Parce que t’es pleine d’idéaux et que tu me prends pour une conne de réac’, alors que j’ai probablement mille fois plus d’empathie que toi et que je sais que les gens différents, y’a des cas et des moments où justement, ils aimeraient bien ne pas appartenir à ton monde. Ta putain d’inclusion, tu peux aller te la foutre où je pense. Tu crois que tout le monde a envie de te ressembler ? De faire les mêmes choses que toi ? Tu crois que ma mère elle aurait pas d’abord voulu récupérer sa vie ? Tu crois qu’elle t’aurait remerciée d’avoir pensé à l’intégrer ?

Putains de bien-pensants. Toujours prêts à monter au créneau pour défendre des gens dont ils ne savent rien. Toujours prompts à dégainer l’épée pour imposer leur sacro-sainte bienveillance.

Donc, très bien, intégrons mon élève (comme mes collègues l’ont fait pendant dix ans, mais crachons-leur à la gueule en les traitant d’incapables). Vu qu’il a le niveau intellectuel d’un enfant de dix ans, qu’est-ce que tu proposes ? On lui donne l’alphabet à recopier pendant que ses camarades planchent sur des questions stylistiques ? Ou alors, on lui propose une intégration en CP ? Il a quinze ans, mais je pense que ni lui ni ses camarades ne s’en rendront compte… *ironie inside* Et, à supposer que les gamins comprennent pourquoi il est là, tu crois que lui il va pas voir le subterfuge ? Ma parole, tu le prends bien plus pour un con que moi !

C’est quand même marrant, cette manie que vous avez de penser que tout le monde devrait vivre comme vous. OK, mon élève est parti en établissement spécialisé. Et en quoi ça devrait l’exclure de la société, je te prie ? C’est toi, qui a décidé que si on n’était pas au minimum locataire à trente ans et qu’on n’avait pas été à l’école comme tout le monde, on n’appartenait pas à la société. Tu crois que le mec je le traite pas comme un humain et un membre de ma communauté parce qu’il est interné dans un endroit où on l’aide à s’occuper de lui ?
Encore une fois, je t’écoute. J’espère que mon élève est ton futur secrétaire. Je ne suis pas sûre qu’il en soit capable, mais puisque d’après toi intégrer c’est obliger à vivre comme tout le monde, je t’attends.
Apparemment, si on traite pas ces gens comme le commun des mortels, bah ils en font pas partie, du commun des mortels.

Putain, mais t’as vraiment aucune idée de ce dont tu parles. Apparemment, tu crois que « le handicap », c’est un truc esthétique qui en réalité ne change rien. Et en plus, tu t’es permis de me le dire. À moi, qui avais ouvert mon billet par « ma mère étant décédée des suites d’une sclérose en plaques... »

J’espère que t’as bien regardé de quoi il s’agissait.

Pardon, je prends une pause. Belenos – Armorika, et un putain de hurlement qui défoule (à 0,48, pour ceux qui ont besoin de crier). Heureusement que j’avais sous le coude l’album qui allait me permettre une catharsis endiablée.

Tu parles tout le temps à la place des gens. Des femmes, dont je fais partie, des handicapés, dont ma mère était un exemple complet, des LGBT, dont tu ne fais pas partie. J’ai vu dans une vidéo féministe que le féminisme était un combat réservé aux femmes. Et bah essaie d’appliquer ça à tes autres convictions, tu veux ? Si les femmes sont les seules à pouvoir se battre pour elles-mêmes, laisse donc les handicapés, les gays, les blacks et pardon pour les minorités que je n’ai pas incluses à cette liste, se battre pour elles-mêmes.

02h36
Je pense qu’avant ce soir je n’avais jamais envisagé que Belenos porte ma haine. Tout simplement parce qu’il est rare qu’elle déferle avec une telle violence, et que les mélodies électroniques suffisaient jusqu’à présent à me faire me sentir en vie. Ce soir, je veux hurler. Allez, amenez-moi un psy. Apparemment, quand la colère dépasse une certain seuil, elle est l’image d’un problème. Amenez-moi donc le mec qui ramènera ma rage à une série d’images issue de mon adolescence. Envoyez-moi le psychiatre qui me donnera des pilules pour rétablir mon métabolisme. La colère, vous savez, c’est comme le désespoir : juste une question d’hormones. Faut juste rééquilibrer le tout, histoire de fitter. C’est tout ce qui importe.

Du mousseux, de la musique et des visions du passé

Mardi 17 avril 2018, 22h46
♫ Marilyn Manson – Antichrist Superstar

Depuis combien de temps je n’avais pas écouté ça ? Je sais pas, mais je sais pourquoi. Y’a des trucs qui sont tellement fondateurs qu’il vaut mieux les reléguer où ils appartiennent : tout en bas, aux oubliettes.
C’est logique, cela dit : écrire, c’est toujours explorer les souterrains. Ça fait remonter des choses dont on ne soupçonnait plus l’existence. Et Âmes perdues, c’est mon adolescence. J’ai décidé, probablement pas très consciemment, d’en faire une fanfic. Et Marilyn Manson est remonté à la surface. Quand j’y pense, je ne suis pas très surprise, même si c’était inattendu.

J’ai toujours cru que la musique influençait ce que j’écrivais, et que ça risquait de nuire à mon récit. Alors que ce soir, c’est clairement l’inverse – même si ça ne bénéficie pas forcément à ce que j’écris. C’est juste que, contrairement à ce qu’on croit – ce que j’ai pu croire, en tout cas –, c’est mon texte qui influe sur le choix de la musique, au fur et à mesure que ce qui était oublié refait surface.

D’où le fait que ressurgisse Deine Lakaien, Over and done. Ajouté à une playlist au hasard des recommandations de Spotify qui, comme tous les robots, me connaît trop bien et me rappelle combien je suis prévisible. Mais Deine Lakaien, c’est juste une poignée d’années plus tard, dans l’appart’ partagé avec Mu et Régina dans lequel j’ai passé si peu de temps. Mais cette période-là quand même. Le moment où je venais de rencontrer Mathias et où ma vie commençait à ressembler aux récits dont je m’étais abreuvée toute ma jeunesse. Drôle de BO, que j’aime de toute mon âme.

Retour au présent. Je ne sais pas pourquoi des morceaux tels que C-Lekktor – Trastorno (Grendel Remix) sont ceux qui me fournissent le plus de carburant. C’est comme Londres : à creuser – même si j’ai une vague idée de la raison, elle ne se suffira sans doute jamais à elle-même.

Mercredi 18 avril 2018, 14h04
♫ Hocico – The day the world stop

Je ne sais pas pourquoi la musique électronique est la première que j’ai aimé de toute mon âme. Je sais ce que j’y ai perçu – la mélodie des confins, le poids des étoiles, et la volonté farouche de vivre, au sens de ressentir. Je ne sais pas pourquoi là et pas ailleurs, mais je sais que chaque fois que j’y reviens, c’est comme si je me reconnectais à toutes les Nathalie qui me constituent. Celle de douze ans qui pleurait sur de la mauvaise transe, celle de dix-sept qui a entendu pour la première fois une voix amicale quand Ronan Harris lui a dit « don’t be afraid », celle de vingt qui traversait le pont sur le canal en se sentant parfaitement invincible au son d’Hocico.

C'est ptêt pour ça que j’adore baiser sur de l’électro, parce qu’elle me donne autant le rythme que la rage. C’est une musique qui me fait me sentir profondément, absolument vivante, une musique qui sabote mes inhibitions et me rend sauvage, fiévreuse, animale. Et les voix de Polo Acevedo et d’Erk Aicrag me mettent dans tous mes états.

Lundi 30 avril 2018, 01h27
♫ Combichrist -  Today I woke up to the rain of blood & Blut Royale

Ah bah ça fait du bien. Du pur décibel agressif, insensé (et rien du tout. J’aime trop les structures ternaires pour qu’elles aient systématiquement du sens.) Je déteste pas mal de choses chez Combichrist, dont des textes macho-psychopathes qui me mettent très mal à l’aise – genre Shut up and swallow, mmh, charmant. Je préfère quand ils parlent de tuer tout le monde, je fais pas dans le genré quand il s’agit d’aborder la folie meurtrière.

♫ Amduscia – Delirio Asesino

Je m’en suis même fait une compil’, qui s’appelle Insanity et que vous pouvez retrouver sur Spotify si « le cœur » vous en dit [edit : en fait elle ne contient qu'une plage, à l'heure actuelle ^^].  Je veux bien être sereine, mais n’allez pas croire que ça se fait sans exutoire privé à base de hurlements. Faut pas déconner. La destruction, c’est ma came, et si je casse pas tout, je le dois aux gens qui le font à ma place. Plus je suis fatiguée, plus j’aime la musique qui fait beaucoup de bruit. Il faut dire que d’après moi, ce genre de morceau est incroyablement mélodique, comme quoi je dois avoir les oreilles en confettis et le cerveau à l’envers. De mon point de vue, Vianney fait beaucoup plus de bruit qu’Amduscia, en fait. (C’est difficile d’éviter les dérivés du verbe « faire » quand il est tard.)

♫ Cyborg Attack – Blutrausch

Voilà. Un rire gras de meurtrier en puissance et une grosse voix grave dont on sent que le mec a même pas eu besoin de forcer pour la faire déferler comme ça, c’est ce que j’aime entendre. Ça me lave le cerveau et ça m’oxygène. Je me sens bien plus réveillée depuis que j’ai lancé ma playlist de musiques électro-démoniaque, et c’est pas parce que tous les moribonds à la ronde ont bondi hors de leur tombe quand j’ai monté le son. C’est parce que je me sens vivante. Y’en a qui vont faire du vélo, rencontrer des gens ou simplement se confronter à leurs gamins ; moi j’ai juste besoin d’exprimer la rage.

Et j’entends pas par là « wah je suis en colère, bouhou beware pauvres mortels. ». La rage, c’est beaucoup plus complexe que la colère. J’ai la rage de vivre, de ressentir, et j’ai pas besoin, pour le coup, de l’évacuer dans l’exercice physique. Je veux continuer de la ressentir parce que pour moi, life equal passion (ce qui est quand même vachement plus subtil que le people equal shit de Slipknot quand j’avais dix-huit ans, pardon hein). La vie, c’est un putain de truc complètement dingue qui te tombe dessus (en réalité, vu que t’existais pas avant, ce que je dis n’a aucun sens.) Je comprends pas les gens qui n’en font pas grand cas. J’arrive vaguement à saisir que tout le monde ne soit pas obsédé par son nombril comme je le suis, mais c’est tout. Tous les adultes que je connais (et je considère pas vraiment mes amis comme des adultes, désolée), reconnaissent que c’est normal que les ados soient bizarres à cause de ça, mais comme ils ont fait des gosses, ils reportent leur angoisse existentielle sur eux. Pire, ils font comme si elle n’était qu’une phase.

♫ Hocico – The day the world stopped

Une phase. « Les ados font leur crise, c’est normal. » C’est pas une crise, c’est une putain de prise de conscience, et je vois pas comment elle peut s’arrêter. Une fois que t’as compris, t’es supposé ranger cette révélation dans un tiroir ?

C’est un truc que j’ai bien aimé dans Annihilation, même si je reconnais que c’était pas bien subtil : le fait que nous soyons de toute manière programmés pour nous autodétruire. Je sais pas, dans le film, ça avait quelque chose de tragique qui justifiait les poignets lacérés.

Je veux pas mourir, alors le moins que je puisse faire, c’est d’en être responsable.

Un autre jour, mais quand ?
22h58
♫ Hole – Violet

Mu m’a donné envie de réécouter Hole, et c’est un peu bizarre compte tenu du fait que je ne les ai pas écoutés depuis… quinze ans ? Pas loin. J’ai pas encore réussi à creuser jusqu’à Pretty on the inside. Je ne savais même pas qu’il y avait eu un album post-Celebrity Skin.

J’ai toujours eu un rapport un peu ambigu avec Courtney Love, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle et Tairrie B ont constitué des modèles féminins de premier plan. Elle justifient au moins en partie mon aversion pour les femmes faibles qui brandissent le féminisme parce qu’elles ont été incapables de ne pas céder aux sirènes de « c’est pas moi, c’est la société ». Je parle bien sûr des femmes de mon environnement socio-économique… Merde, pourquoi je me justifie encore. Évidemment que mes modèles sont issus du même monde que moi.

♫ My Ruin – Tainted Love

Clairement ma version préférée. Aujourd’hui, j’ai vachement moins de mal à écouter My Ruin que Hole – enfin, Speak and Destroy que n’importe quel album chanté par une femme.