Du mousseux, de la musique et des visions du passé

Mardi 17 avril 2018, 22h46
♫ Marilyn Manson – Antichrist Superstar

Depuis combien de temps je n’avais pas écouté ça ? Je sais pas, mais je sais pourquoi. Y’a des trucs qui sont tellement fondateurs qu’il vaut mieux les reléguer où ils appartiennent : tout en bas, aux oubliettes.
C’est logique, cela dit : écrire, c’est toujours explorer les souterrains. Ça fait remonter des choses dont on ne soupçonnait plus l’existence. Et Âmes perdues, c’est mon adolescence. J’ai décidé, probablement pas très consciemment, d’en faire une fanfic. Et Marilyn Manson est remonté à la surface. Quand j’y pense, je ne suis pas très surprise, même si c’était inattendu.

J’ai toujours cru que la musique influençait ce que j’écrivais, et que ça risquait de nuire à mon récit. Alors que ce soir, c’est clairement l’inverse – même si ça ne bénéficie pas forcément à ce que j’écris. C’est juste que, contrairement à ce qu’on croit – ce que j’ai pu croire, en tout cas –, c’est mon texte qui influe sur le choix de la musique, au fur et à mesure que ce qui était oublié refait surface.

D’où le fait que ressurgisse Deine Lakaien, Over and done. Ajouté à une playlist au hasard des recommandations de Spotify qui, comme tous les robots, me connaît trop bien et me rappelle combien je suis prévisible. Mais Deine Lakaien, c’est juste une poignée d’années plus tard, dans l’appart’ partagé avec Mu et Régina dans lequel j’ai passé si peu de temps. Mais cette période-là quand même. Le moment où je venais de rencontrer Mathias et où ma vie commençait à ressembler aux récits dont je m’étais abreuvée toute ma jeunesse. Drôle de BO, que j’aime de toute mon âme.

Retour au présent. Je ne sais pas pourquoi des morceaux tels que C-Lekktor – Trastorno (Grendel Remix) sont ceux qui me fournissent le plus de carburant. C’est comme Londres : à creuser – même si j’ai une vague idée de la raison, elle ne se suffira sans doute jamais à elle-même.

Mercredi 18 avril 2018, 14h04
♫ Hocico – The day the world stop

Je ne sais pas pourquoi la musique électronique est la première que j’ai aimé de toute mon âme. Je sais ce que j’y ai perçu – la mélodie des confins, le poids des étoiles, et la volonté farouche de vivre, au sens de ressentir. Je ne sais pas pourquoi là et pas ailleurs, mais je sais que chaque fois que j’y reviens, c’est comme si je me reconnectais à toutes les Nathalie qui me constituent. Celle de douze ans qui pleurait sur de la mauvaise transe, celle de dix-sept qui a entendu pour la première fois une voix amicale quand Ronan Harris lui a dit « don’t be afraid », celle de vingt qui traversait le pont sur le canal en se sentant parfaitement invincible au son d’Hocico.

C'est ptêt pour ça que j’adore baiser sur de l’électro, parce qu’elle me donne autant le rythme que la rage. C’est une musique qui me fait me sentir profondément, absolument vivante, une musique qui sabote mes inhibitions et me rend sauvage, fiévreuse, animale. Et les voix de Polo Acevedo et d’Erk Aicrag me mettent dans tous mes états.

Lundi 30 avril 2018, 01h27
♫ Combichrist -  Today I woke up to the rain of blood & Blut Royale

Ah bah ça fait du bien. Du pur décibel agressif, insensé (et rien du tout. J’aime trop les structures ternaires pour qu’elles aient systématiquement du sens.) Je déteste pas mal de choses chez Combichrist, dont des textes macho-psychopathes qui me mettent très mal à l’aise – genre Shut up and swallow, mmh, charmant. Je préfère quand ils parlent de tuer tout le monde, je fais pas dans le genré quand il s’agit d’aborder la folie meurtrière.

♫ Amduscia – Delirio Asesino

Je m’en suis même fait une compil’, qui s’appelle Insanity et que vous pouvez retrouver sur Spotify si « le cœur » vous en dit [edit : en fait elle ne contient qu'une plage, à l'heure actuelle ^^].  Je veux bien être sereine, mais n’allez pas croire que ça se fait sans exutoire privé à base de hurlements. Faut pas déconner. La destruction, c’est ma came, et si je casse pas tout, je le dois aux gens qui le font à ma place. Plus je suis fatiguée, plus j’aime la musique qui fait beaucoup de bruit. Il faut dire que d’après moi, ce genre de morceau est incroyablement mélodique, comme quoi je dois avoir les oreilles en confettis et le cerveau à l’envers. De mon point de vue, Vianney fait beaucoup plus de bruit qu’Amduscia, en fait. (C’est difficile d’éviter les dérivés du verbe « faire » quand il est tard.)

♫ Cyborg Attack – Blutrausch

Voilà. Un rire gras de meurtrier en puissance et une grosse voix grave dont on sent que le mec a même pas eu besoin de forcer pour la faire déferler comme ça, c’est ce que j’aime entendre. Ça me lave le cerveau et ça m’oxygène. Je me sens bien plus réveillée depuis que j’ai lancé ma playlist de musiques électro-démoniaque, et c’est pas parce que tous les moribonds à la ronde ont bondi hors de leur tombe quand j’ai monté le son. C’est parce que je me sens vivante. Y’en a qui vont faire du vélo, rencontrer des gens ou simplement se confronter à leurs gamins ; moi j’ai juste besoin d’exprimer la rage.

Et j’entends pas par là « wah je suis en colère, bouhou beware pauvres mortels. ». La rage, c’est beaucoup plus complexe que la colère. J’ai la rage de vivre, de ressentir, et j’ai pas besoin, pour le coup, de l’évacuer dans l’exercice physique. Je veux continuer de la ressentir parce que pour moi, life equal passion (ce qui est quand même vachement plus subtil que le people equal shit de Slipknot quand j’avais dix-huit ans, pardon hein). La vie, c’est un putain de truc complètement dingue qui te tombe dessus (en réalité, vu que t’existais pas avant, ce que je dis n’a aucun sens.) Je comprends pas les gens qui n’en font pas grand cas. J’arrive vaguement à saisir que tout le monde ne soit pas obsédé par son nombril comme je le suis, mais c’est tout. Tous les adultes que je connais (et je considère pas vraiment mes amis comme des adultes, désolée), reconnaissent que c’est normal que les ados soient bizarres à cause de ça, mais comme ils ont fait des gosses, ils reportent leur angoisse existentielle sur eux. Pire, ils font comme si elle n’était qu’une phase.

♫ Hocico – The day the world stopped

Une phase. « Les ados font leur crise, c’est normal. » C’est pas une crise, c’est une putain de prise de conscience, et je vois pas comment elle peut s’arrêter. Une fois que t’as compris, t’es supposé ranger cette révélation dans un tiroir ?

C’est un truc que j’ai bien aimé dans Annihilation, même si je reconnais que c’était pas bien subtil : le fait que nous soyons de toute manière programmés pour nous autodétruire. Je sais pas, dans le film, ça avait quelque chose de tragique qui justifiait les poignets lacérés.

Je veux pas mourir, alors le moins que je puisse faire, c’est d’en être responsable.

Un autre jour, mais quand ?
22h58
♫ Hole – Violet

Mu m’a donné envie de réécouter Hole, et c’est un peu bizarre compte tenu du fait que je ne les ai pas écoutés depuis… quinze ans ? Pas loin. J’ai pas encore réussi à creuser jusqu’à Pretty on the inside. Je ne savais même pas qu’il y avait eu un album post-Celebrity Skin.

J’ai toujours eu un rapport un peu ambigu avec Courtney Love, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle et Tairrie B ont constitué des modèles féminins de premier plan. Elle justifient au moins en partie mon aversion pour les femmes faibles qui brandissent le féminisme parce qu’elles ont été incapables de ne pas céder aux sirènes de « c’est pas moi, c’est la société ». Je parle bien sûr des femmes de mon environnement socio-économique… Merde, pourquoi je me justifie encore. Évidemment que mes modèles sont issus du même monde que moi.

♫ My Ruin – Tainted Love

Clairement ma version préférée. Aujourd’hui, j’ai vachement moins de mal à écouter My Ruin que Hole – enfin, Speak and Destroy que n’importe quel album chanté par une femme.

1 commentaire:

  1. « wah je suis en colère, bouhou beware pauvres mortels. » Punaise, tu devrais postuler pour écrire des scénarios de jeu vidéo, les méchants seraient bien plus funky avec toi :D
    Moi aussi, ça m'apporte de grandes perplexités, ce truc comme quoi il y a quelque chose de plus important que de trouver du sens à la vie, que de faire face à l'existence dans ce que ça a de plus brut et de plus insensé. Ça me donne envie de citer Expérience : "Regarde, on est vivants, j'ai l'impression que ça suffit pour faire de nous des débutants" (cité de mémoire, c'est peut-être inexact).
    Moi aussi, Speak and Destroy, j'écoute toujours facilement, un peu comme on disait avec Nine l'autre jour : ça fait partie des albums qui dépassent la pure nostalgie, et que je trouve réellement excellents, et qui s'adaptent aussi bien au présent qu'au passé. Et ouais, merci Tairrie B pour avoir été l'un des (de mes) rares modèles féminins !

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