La Volte

Jeudi 24 octobre 2019, 20h00
Radio Blooböxx

Ce que j'ai vécu ces deux jours et demis, il me faudra un peu de temps pour en extirper quelques éclats de miroir, à replanter dans ma chair à bon escient. Je me suis couchée mardi soir en ayant hâte que la nuit passe, car j'allais pouvoir reprendre mon livre. Je m'en suis arrachée avec agacement pour me livrer à d'inévitables corvées, et j'ai râlé plus que de raison contre tout ce qui me retardait. Je me suis rendu compte que si Mathias n'avait pas été là, je ne me serais pas fait à manger ; je me suis rencognée dans mon canapé entre deux touillages d'oignon. Il me restait vingt... dix... cinq pages... Et quand Mathias est rentré, j'ai dit : "il me reste deux paragraphes, pardon", et ça a dû être assez désagréable que je ne tourne même pas la tête. Mais j'avais cessé plusieurs fois de respirer, pleuré aussi souvent, et annoté mon carnet de mots - éclairs, soleils, abysses - et de remarques personnelles qui jamais ne rendraient justice à ce que j'étais en train de vivre, à la crispation dans mon ventre et à la beauté qui hurlait dans mes veines, alors non, je ne pouvais pas lever le nez de ces deux derniers paragraphes pour simplement dire bonjour.

O Captain ! My Captain ! our fearful trip is done ;
The ship has weather'd every rack, the prize we sought is won.
Walt Whitman

"Vibre et fais vibrer"

Samedi 19 octobre 2019, 23h51
♫ Agonoize...

Au mois de mai dernier, j'ai écrit à monsieur Lekieffre. Il m'a répondu dans la foulée, puis j'ai laissé passer le temps, comme toujours. Hier soir, je lui envoyais un nouveau message, et je trouvais sa réponse ce matin dans ma boîte mail.

Il y a deux ans, j'ai contacté deux de mes anciennes profs de français, que j'ai aimées de tout mon cœur et à qui je dois de faire étudier Le Cid en quatrième et de lire Zola. Leurs réponses étaient enthousiastes, mais toujours professorales.

Monsieur Lekieffre, c'était mon prof de musique de la cinquième à la troisième, si je ne m'abuse. C'était un type effrayant, virtuose et peut-être aigri. Je le lui ai dit.
Je lui écris des mails lyriques, d'une honnêteté qui me désarme moi-même. Il me répond avec une passion un peu maladroite, citant pèle-mêle Charlie Hebdo, qu'il désapprouve, les Gilets Jaunes et César. J'ai passé plusieurs heures à composer les phrases que je lui ai adressées. En lisant sa réponse ce matin, je me suis sentie comme le jeune poète face à Rilke. Monsieur Lekieffre ne joue pas les professeurs, quand il m'écrit. Il me répond. Je ne sais pas si l'italique rend bien hommage à sa démarche. Répondre, c'est tout une affaire. Il ne s'agit pas d'analyser ce que dit autrui puis de formuler sa propre opinion. Il s'agit de rebondir, ou de s'enchevêtrer dans les propos qui nous ont été adressés. Monsieur Lekieffre ne reprend pas chacune de mes phrases. Il n'offre pas un contrepoint à mes réflexions. Il a compris - pris avec lui - chacun de mes mots. Il y fait écho, avec ses mots à lui, ses mélodies bancales de non littéraire. Notre correspondance m'enthousiasme et m'apaise. J'ai l'impression de parler à un égal qui me comprend et me complète de son expérience.

Il m'a demandé qui j'étais, maintenant. Ce que je faisais de mes journées, si j'avais des enfants. Il n'a pas conservé cette distance didactique qu'ont choisie mes profs de français.

Monsieur Lekieffre m'a dit : "sois toi-même et montre-leur ta passion avec vérité et surtout sans artifice."

Je réfléchis souvent au fait qu'on (enfin, moi) n'écoute que ceux avec qui on est déjà d'accord. Mais je pense aussi beaucoup à Charles Aznavour dans Quotidien, qui disait qu'on ne devrait prendre conseil qu'auprès des gens qu'on admire. Et je pense que c'est vrai. Si monsieur Lekieffre m'avait dit que je me fourvoyais, je l'aurais écouté, parce que je le respecte.

Monsieur Lekieffre cultive son jardin, tire à l'arc et reçoit ses petits enfants. Et compose, bien entendu. J'ai envie d'être à la hauteur de sa bienveillance à mon égard, et d'avoir une vision claire de mon environnement, sans pour autant me perdre dans les méandres de la colère qu'il m'inspire. Après tout, lorsque Muriel et moi évoquions encore une fois la mort qui frappe indifféremment (je venais d'apprendre le décès d'une élève que j'avais l'année dernière), elle m'a amenée à me souvenir de ceci : à quoi bon ? Pour ça : pour la musique, pour la beauté des crépuscules, et pour les mots prononcés il y a un siècle.

Ad lib

Mardi 15 octobre 2019, 20h53
♫ Agonoize - Blutgruppe Jesus (-)

Donc, depuis hier soir, je ne fais qu'écouter cette chanson. J'ai même activé la connexion de données ce midi sur mon téléphone, pour pouvoir l'écouter en boucle en bouquinant dans la voiture. Je me lancerais bien dans une longue réflexion pour découvrir ce que révèlent mes épisodes maniaques (non.) En fait, je vais me contenter de m'émerveiller que, régulièrement, paraisse une œuvre d'art qui corresponde si parfaitement à ce que j'aime et crave d'entendre/voir.

Agonoize, que je connais pourtant relativement bien, vient de réveiller l'enthousiasme que j'éprouve en entendant Delirio Asesino, en version joyeuse. Ce morceau me fait sourire et me fait danser. Il me fait rêver ; j'imagine M. et M. l'interpréter sur scène, j'ai les ovaires qui frétillent. Du coup, j'aimerais bien écrire à propos de Nath et Anders et de Ghost et Steve, deux couples qui me donnent chaud, eux aussi (parenthèse (c'est con d'annoncer une parenthèse quand tu as tapé le signe correspondant sur le clavier, mais bon) : j'aimerais bien avoir en tête un couple hétéro qui me fasse bander. Je me demande souvent si le fait qu'il n'y en ait pas prouve que je suis moi-même hétéro, mais je ne pense pas : c'est juste que je connais aucun couple hétéro bandant, c'est tout. Les femmes en fiction ne sont pas forcément très intéressantes, et encore moins quand elles sont en couple regular.)*

* Je me relis et je me dis : mais putain !! Quand est-ce que toi, tu écris un personnage féminin bandant ?? 

Du coup, je me suis dit : quitte à écouter la même chanson en boucle pour la 150e fois en deux jours, et quitte à ne rien écrire, je peux écrire un billet sur Paradize, qui est là précisément pour ça. Et histoire de voir si j'arrive à décrocher de celle-là, je me propose d'établir un palmarès des dix chansons que j'ai écoutées des centaines de fois (d'affilée) (mais "n°1" ne voudra pas dire que c'est celle que j'ai le plus écoutée - c'est juste pour compter) (et je m'avance vachement en décidant "dix" sans avoir même commencé à réfléchir.)

1. La première qui me vienne à l'esprit, c'est celle-ci :

VNV Nation - Saviour. Très exactement à partir de 2min53.

Il m'arrive assez souvent de passer en accéléré le début d'un morceau pour arriver au moment que je préfère.

2. Darkflight - Under the shadow of fear

Ce grondement à 2min34...

3. Dans la même veine :

Summoning - Over old hills. Cette voix, mon dieu, cette voix. Et la... corne ? le didgeridoo ?
J'ai écouté ce titre pendant des heures, pour écrire le passage (perdu !!) d'Endraël dans mon premier roman.

(ou bien Land of the dead)

4. Obviously :

Vivaldi - L'été. La soliste, c'est Mari Silje Samuelsen. À partir du presto à 1min32.

5. AC/DC - Hell's bells

Mais seulement jusqu'à ce que le glas cesse de sonner.

6. Windir - Todeswalzer

Jusqu'à 2min54, puis la fin (le chant clair m'agace.) Sinon, à partir de 4min38, Journey to the end, un des trucs les plus planants ever.

Vous saviez que Listenonrepeat avait trouvé un moyen d'aller plus loin que Youtube ? Vous pouvez sélectionner la partie de la chanson que vous voulez passer en boucle. Ces gens sont des génies.

7. Amduscia - Fucking Flesh (Raw Mix)

 3min16, mon dieu.

8. Blutengel - I will follow


J'ai écouté beaucoup d'autres chansons de Blutengel en boucle ^^

 9. Hocico - Dog eat dog (doggy style remix by Solitary Experiments)

 Oui, le remix. En boucle, partout, tout le temps, à Québec.

10. À Québec toujours

Asphyxia - Concupiscentia.

Ouais, en fait, je peux faire plus de dix. Vu le nombre de fois que j'ai écouté ces morceaux (d'affilée, je rappelle), je peux affirmer que je ne me renouvelle pas beaucoup, question musique. Bon, en même temps, je suis pas jeune :D

11. La. Honte.

Gigi d'Agostino - Gigi's Time. Même le titre est pourrave.
MAIS...
Non mais rien, en fait. J'ai écouté ça des soirées et des soirées de suite, en écrivant, et j'AI PAS À ME JUSTIFIER, D'ACCORD ? :D

12. Two Steps from Hell - Unbreakable

Première rencontre avec un groupe qui s'avère répétitif, mais n'empêche. Des centaines de fois, j'vous jure.

13. Steve Jablonski - Transformers - Scorponok

Et cette fois j'ai volontairement commencé la vidéo là où c'était parfait. Le début ne m'intéresse pas. Seulement de là à 3min20. D'où l'intérêt de Listenonrepeat.

14. Soman - Hard Floor

Surtout dès 2min17, évidemment. Mu, je te conseille très vivement.

15. Ennio Morricone - The Big Gundown

Vous n'imaginez pas le temps que je viens de passer à retrouver le titre. Attention, à partir de 1min21, ça donne envie de conduire très vite.

Et sinon : les 30 premières secondes de To hell and back de Sabaton


Comment enjailler un lundi soir où t'étais crevée, à l'origine

Lundi 14 octobre 2019, 21h15
♫ Agonoize - Blutgruppe Jesus (-) - Absolution

Ce soir, j'avais bien envie d'écrire, et je n'ai bu que deux bières et demie. Finalement, je me retrouve à écouter en boucle la même chanson depuis deux heures, qui est trop jouissive pour écrire, parce que j'ai pas de chapitre funky sous le coude, et je me réfrène pour continuer de boire leeeeeentement.


Je ne vous enjoins pas à regarder le clip "self-made" parce que comme tout ce que fait Agonoize, c'est cheap. Ce serait à écouter de préférence sur Spotify, avec le son très fort. Moi, ça va me faire les prochains jours, voire les prochaines semaines, parce que y'a tout là-dedans pour me faire tripper : une voix dark et une mélodie qui donne envie de se dandiner en tapant des pieds très fort !

En retard, je suis en retard !

Vendredi 11 octobre 2019, 23h17
♫ Playlist "En boucle"

Vous connaissez ce moment où la musique monte en vous, où les chuchotis se font plus bruyants ? Vous ne pouvez pas encore déchiffrer les mots, mais ça enfle. Il faudra peut-être la soirée, et peut-être que ça ne donnera rien, et peut-être même que demain, vous dormirez comme moi, pour oublier les mots qui n'ont pas été écrits.

Il n'y a rien de pire que des mots non écrits, parce que le "ça se débloquera plus tard", ce n'est pas vrai. Les mots qui coincent, ceux qui restent au fond de la gorge, ils y dépérissent, la plupart du temps.

Les mots disent toujours la vérité, mais avec un temps de retard. Et "un temps", dans une vie, c'est long ! Ce que je ne sais dire maintenant, je pourrai le transcrire dans quelques années. Ce que j'essaie de dire maintenant, c'est ce que je ne savais pas il y a trois mois. Pas étonnant que je n'aie pas encore trouvé les mots. Mais la frustration reste la même. Et j'ai peur que ce qui n'est dit ne soit tu, parce qu'après, c'est trop tard. C'est déjà plus pareil, et oui, c'est grave ! Comment être juste quand on est toujours trop tard ?