Dissolution

Jeudi 13 juin 2019, 21h49
♫ Danhheim - Hringrás

Très étrange plongée dans le passé, ce soir, à relire les pages de mes carnets-mosaïques de ces dernières années. J'ai parfois écrit dans l'un, parfois dans l'autre, et les dates se mélangent. Je n'ai pas la moindre idée d'à quoi correspondent certains passages.
Je suis très fatiguée. La fumée danse sur les mélopées de Danheim. J'avais toujours réservé ces musiques à l'hiver, est-ce la faute de ce mois pluvieux si elles débordent au quotidien ? Je n'ai plus trop la notion du temps, de toute façon. La nuit coule dans le jour qui coule dans le lendemain. Je crois que j'ai écrit à peu près ça, il y a quelques mois. Ça aurait curieusement dû me paralyser, mais il n'en est rien. Je dis "curieusement" parce que la fuite du temps m'a toujours terrifiée, alors même que je cherchais à redécouvrir le présent ininterrompu de mon enfance. J'en suis tout proche, je crois, à ceci près que la faux de l'Ankou est désormais suspendue au-dessus de mes jours, ce dont je n'avais pas conscience quand j'étais petite, et que je ne parviens plus à oublier. Mais Danheim et consorts calment jusqu'à l'Angoisse, jusqu'à la mélancolie, même. Ne me restent que les émotions, l'ivresse et les sensations. Je ne m'inquiète même pas de ne pas profiter. Le secondes glissent les unes dans les autres, et j'irai me coucher sans amertume à la fin de ma bière, parce que je vis, pour l'instant et depuis quelques jours, dans un présent ininterrompu qui n'admet nul accroc.

J'ai hâte, bien sûr. De savoir si je resterai à Saint Quay, de finir l'année, d'en commencer une nouvelle, de tester ma séquence sur le fantastique - que je trouve trop cool -, de boucler mon mémoire - advienne que pourra -, de tenter le concours - j'ai rien à y perdre -, de mettre le pied dans ma maison, de somnoler le matin tandis que les oiseaux chantent - par plaisir, ai-je entendu dire -, d'être en vacances, de cuisiner, d'écrire enfin les mots qui me brûlent les doigts - mais s'éteignent sur le clavier...

J'ai hâte, oui, mais ce n'est pas maintenant. Maintenant ce sont les percussions et les cordes qui grincent, maintenant c'est le crépuscule au-dessus de mon lit, et la brise qui donne envie de remonter la couette haut, sous le menton, maintenant ce sont les mots qui s'alignent : Kotsu kotsu (une marche après l'autre), silence, et le bruit des coquillages remués par les vagues.

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