Damaged

Vendredi 21 juin 2019, 23h06
♫ Hocico - Damaged

" (...) je ne me sens pas l'obligation de devenir terne et chiante juste parce que je suis entrée dans ma quatrième décennie. Rien ne me retient, rien ni personne. Je ne céderai pas. Défendre son mode de vie n'est pas si aisé, mes amis m'ont appris à le comprendre. Gardez courage, parce que ce qu'on a dans le cœur, c'est quelque chose dont la valeur n'est en aucune façon comparable aux "projets", aux pressions, aux sales cons. C'est nous. C'est notre force vitale, notre raison de vivre."

♫ Indochine - Karma Mix
C'est l'été, je le sens, je le sais, sans avoir besoin de connaître la date, sans regarder le ciel qui ne se découvre pas, sans entendre la foule avinée qui se redécouvre vivante à chaque occasion d'étaler sa magnificence en public.
Je le sais parce que mes regards se tournent vers la mer et que la mélancolie voile mes perceptions. Je le sais rien qu'à jauger la profondeur des flaques qui jalonnent ma route - je m'y noie, avec volupté.
Je le sais à cet élan qui me guide vers le rivage, à la certitude que je ne vais pas tarder à aller m'assoir au bord des flots, une bière à la main, pour converser avec maman.

Je vais m'assoir au bord du vide, une bière à la main, et discuter avec la mort.

♫ Aurora - Daydreamer

Et écouter Aurora, obviously. Ce serait parfait, clôturer deux cycles avec une seule chanson.


*

Les "jérémiades". J'ai lu ça sur un blog retrouvé que j'aime beaucoup, et évidemment, la meuf que je n'avais pas envie de recroiser y avait laissé son grain de sel.
Est-ce que je "jérémie" ? (ouais bah, j'aime bien - le mot, jveux dire.)
C'est quoi, des jérémiades ? Est-ce qu'on doit toujours ne laisser que du positif, comme seule trace de nous-mêmes ?
J'en ai déjà parlé. Je ne crois pas. Je trouve les billets positivo-moralisateurs bien plus oppressants que ceux où les gens, juste, s'expriment. Je pense que c'est cette injonction à être toujours constructif et créatif est épuisante, dangereuse et hypocrite. Je préfère mille fois un article avec lequel je ne suis pas d'accord, qui m'agace un peu, qu'un ramassis de "la vie est belle et la mienne est un perpétuel foisonnement créatif." C'est ptêtre plus agréable à relire, mais c'est pas vrai. Et de mon expérience, les Démons ne sont jamais morts d'avoir été enterrés.

Vous croyez donc que c'est si détestable que ça, pour autrui, de vous entendre "jérémier" ? Ne vous est-il jamais venu à l'idée que d'autres pourraient y découvrir qu'ils ne sont pas seuls ?

Évidemment, je ne parle pas de se noyer dans ses propres ornières. Je ne dis pas qu'il est bon de ressasser. Mais pour autant, je refuse catégoriquement de ne lire que les victoires des bons samaritains qui ont réussi à surmonter leurs épreuves.
Ça doit être le souvenir de maman, mais, je suis désolée, je refuse de considérer que seuls les vainqueurs méritent d'être remémorés. Maman n'a été ni joyeuse, ni positive, ni combattive au sens entendu par les chantres de l'intégration et du bonheur, et je ne vois pas pourquoi son désespoir aurait moins d'importance que la persévérance des survivants.

Je comprends que les auteurs de ces blogs cherchent surtout un moyen de se sortir de leur marasme intérieur, mais encore une fois, museler Angoisse ne l'a jamais fait disparaître, donc j'ai envie de dire que c'est pas parce que vous ne présentez à autrui que vos victoires, que vos fantômes vont disparaître. C'est le propre des fantômes, d'être invisibles, ça ne les empêche pas de nous hanter.

Catharsis

Mercredi 19 juin 2019, 22h24

Hier, j'étais pas mal énervée, ou anxieuse, je sais pas. Il était 16h30, j'avais déjeuné avec Catherine et Annick (Catherine est très malade) et les 4e avaient été infects avec Marielle. Bref, une journée de fin d'année à Paimpol - établissement hautement anxiogène, même sans les fins d'année.
Bah je sais que ça va pas te plaire, à moins que tu t'appelles Maloriel, mais j'ai mis ça dans la voiture, et j'ai simplement arrêté de penser. C'était... apaisant.

 

Je saurais même pas te dire depuis combien d'années je m'étais pas envoyé ça dans les oreilles, mais  c'était aussi jouissif que la première fois, dans le car qui nous ramenait du bahut. J'avais dix-sept ans. Je me souviens encore comme ça m'a soulagée de découvrir Anorexia, et de couvrir de leurs hurlements les blagues bouffonnes des animateurs d'NRJ, et les médisances débiles des collégiennes.

Nan mais ce... malström, sérieux.

Tiens, en parlant de malström, ça y est, je me refais Pirates des Caraïbes 3 avec mes 5e. Ils sont fans, et comme ils sont intelligents, ça promet des conversations intéressantes. C'est la seule raison pour laquelle j'ai hâte d'être à demain. Autrement, t'as remarqué, je suis en train d'écouter Anorexia au lieu d'envisager de me brosser les dents.

Y'avait celle-là, aussi :

 

Ce que j'adore chez Anorexia, tu t'en doutes, c'est le mélange sympho/metal.

À part ça, je suis étonnamment, incroyablement même, calme, en ce moment. Mal' m'a fait découvrir The Hu et j'ai écouté ça je ne sais combien de fois :
 
 

Eh ! C'est pas génial ? Nan ?

What is a song, if not a call to arms ?
Extrait de l'intro de Vampyr (la Mascarade !!)

Bon, j'ai cité de mémoire, hein.

J'ai médité six jours d'affilée. J'ai noté des mots-clefs dans mon carnet. Tu sais, j'adore ça, les "mots-clefs", parce que je prends l'expression au pied de la lettre : ce sont des mots qui déverrouillent des portes.

Y'a eu ça, aussi, j'imagine que c'est Mal' qui me l'a fait écouter :

 

(Mathias déteste les anneaux dans le nez, moi je la trouve bandante, cte meuf.)

Mais j'ai surtout écouté Danheim. Genre c'est ma révélation de l'année. Genre quand j'ai fait comme Mal' me l'avait conseillé et que j'ai tenté de méditer en écoutant un de leurs albums, j'ai... j'allais dire cessé d'exister, mais c'est tout le contraire, en fait. J'ai surtout vu tomber un à un tous les filtres. Il ne restait que moi et le chant. Ça fait un peu trois ans que j'essaie d'obtenir ce résultat, et il suffisait de Danheim.
 
 

C'est pas tout à fait honnête, dans le sens où j'aurais sans doute pas été prête à les recevoir y'a un an de ça, mais le fait est que Danheim provoque chez moi des épiphanies.


Elles sont d'autant bienvenues que, tu comprends, c'est la fin de l'année (scolaire, donc c'est la fin de l'année) et j'ai juste teeeeeellement plus envie, et les élèves non plus, évidemment... Comme si on était tous suspendus. Et on attend. "Heureusement" qu'il ne fait pas beau, comme disent les collègues. Ça fait dix semaines qu'on a repris les cours !

Je sais que la majeure partie de mes collègues désapprouve ce que je vais dire, mais : moi , j'aimerais beaucoup avoir moins de vacances, mais un emploi du temps différent. Consacrer mes matinées au cours, et être obligée de rester l'après-midi, pour corriger des copies, faire de l'aide aux devoirs, du soutien, que sais-je... J'en ai marre de lire Le Cid de 15h30 à 16h20. Ça ne revêt pas le moindre sens. Je voudrais avoir moins de vacances mais un rythme d'apprentissage plus... Naturel.

Allez, encore quatre jours. Trois et demis. Avec beaucoup de révisions brevet dedans, à distribuer à des élèves bizarrement tous volontaires, alors qu'ils ont rien foutu de l'année. T'as remarqué, j'ai rouvert une bière plutôt que d'aller me coucher.

 

(Ça me met assez mal à l'aise, ces clips dans lesquels l'artiste force un public à se lever et à applaudir pour accentuer le côté "hymne" de la chanson. On dirait les vidéos de l'Éducation Nationale !!)


Allez, dansons un peu :
 
 


Eh, tu rigoles, mais ça doit être le premier truc à m'avoir donné envie de remuer mes fesses. Cela dit, j'avais parlé d'Ice MC sur le Carnet, mais dans le genre, Masterboy, c'est hyper cool. Et ouais, je confesse (encore une fois, pour les lecteurs du Carnet) : je danse comme ça parce que j'ai appris à danser dans les années 90. Toute personne plus évoluée que moi, mais de mon âge, n'est pas un true.
 
 


Pour ma part, j'adorais 2 Unlimited (je me rends bien compte que j'aime toujours la batterie électronique qui fait boum-boum).

 


Et, évidemment :

 


T'as vu comme je suis passée d'Anorexia à de la vieille dance moisie ? En passant par Danheim ? Viens pas me dire que je suis bornée, après ça.

Mal', je suis pas sûre que tu puisses t'en rappeler, mais Ru Paul's drag race, en 95, ça aurait ressemblé à ça :D
 
 

Il va sans dire que j'étais complètement fascinée par ce morceau (dont je n'avais jamais vu le clip.)


D'ailleurs, puisqu'on parle de trucs qui exerçaient sur moi une fascination bizarre, ce titre m'a toujours mise mal à l'aise, sans que je sache pourquoi (j'ai conscience de parler toute seule, t'en fais pas.)
 
 

Je vois pas du tout pourquoi tu t'ennuies, d'un coup. C'est parce que je te bombarde de musique sans te/me laisser le temps de respirer ?

C'est parce que

 

J'suis un peu fatiguée. Dans tous les sens du terme. Et ouais, je vais me coucher. T'en fais pas.

Juste un peu de 
 
 

Pour la mystique. 

Dissolution

Jeudi 13 juin 2019, 21h49
♫ Danhheim - Hringrás

Très étrange plongée dans le passé, ce soir, à relire les pages de mes carnets-mosaïques de ces dernières années. J'ai parfois écrit dans l'un, parfois dans l'autre, et les dates se mélangent. Je n'ai pas la moindre idée d'à quoi correspondent certains passages.
Je suis très fatiguée. La fumée danse sur les mélopées de Danheim. J'avais toujours réservé ces musiques à l'hiver, est-ce la faute de ce mois pluvieux si elles débordent au quotidien ? Je n'ai plus trop la notion du temps, de toute façon. La nuit coule dans le jour qui coule dans le lendemain. Je crois que j'ai écrit à peu près ça, il y a quelques mois. Ça aurait curieusement dû me paralyser, mais il n'en est rien. Je dis "curieusement" parce que la fuite du temps m'a toujours terrifiée, alors même que je cherchais à redécouvrir le présent ininterrompu de mon enfance. J'en suis tout proche, je crois, à ceci près que la faux de l'Ankou est désormais suspendue au-dessus de mes jours, ce dont je n'avais pas conscience quand j'étais petite, et que je ne parviens plus à oublier. Mais Danheim et consorts calment jusqu'à l'Angoisse, jusqu'à la mélancolie, même. Ne me restent que les émotions, l'ivresse et les sensations. Je ne m'inquiète même pas de ne pas profiter. Le secondes glissent les unes dans les autres, et j'irai me coucher sans amertume à la fin de ma bière, parce que je vis, pour l'instant et depuis quelques jours, dans un présent ininterrompu qui n'admet nul accroc.

J'ai hâte, bien sûr. De savoir si je resterai à Saint Quay, de finir l'année, d'en commencer une nouvelle, de tester ma séquence sur le fantastique - que je trouve trop cool -, de boucler mon mémoire - advienne que pourra -, de tenter le concours - j'ai rien à y perdre -, de mettre le pied dans ma maison, de somnoler le matin tandis que les oiseaux chantent - par plaisir, ai-je entendu dire -, d'être en vacances, de cuisiner, d'écrire enfin les mots qui me brûlent les doigts - mais s'éteignent sur le clavier...

J'ai hâte, oui, mais ce n'est pas maintenant. Maintenant ce sont les percussions et les cordes qui grincent, maintenant c'est le crépuscule au-dessus de mon lit, et la brise qui donne envie de remonter la couette haut, sous le menton, maintenant ce sont les mots qui s'alignent : Kotsu kotsu (une marche après l'autre), silence, et le bruit des coquillages remués par les vagues.

La page blanche

Vendredi 7 juin 2019, 22h59
Further ?




Je ne sais pas du tout quoi écrire. Ce n'est pas la première fois que j'en fais le constat ; c'est toujours aussi terrifiant.
Ne pas écrire, pour moi, c'est à peu près synonyme de ne pas être. Je me fous de la qualité : j'écris parce que je pense et parce que je ressens. N'avoir rien à dire, c'est un échec - pire, un renoncement. Une négation. Comme si tout ce que j'avais vécu retournait au néant au fur et à mesure. Ne pas écrire, c'est être dénuée d'imagination, d'idées, de refuges.

Mes autres moi aussi se sont tus. Je suis toute seule face à l'écume. Une page blanche dont mêmes les ratures s'effacent en soubresauts.

Alors je ressuscite les mélodies d’antan. Celles dont j'attendais autant qu'elles m'abdiquent qu'elles me donnent envie de me relever. J'espère une étincelle.

Je ne pouvais pas me poser la question, avant : la sérénité m'a-t-elle privée de tout ce que j'étais ? Est-ce qu'elle m'a condamnée au silence ? Si c'est le cas, je prierai sans hésiter pour le retour d'Angoisse, Doute et les autres, parce que je n'aurai jamais autant l'impression de m'éteindre à petit feu que si je suis privée de mots.

Deux histoires devraient crever ma poitrine et mes doigts s'agitent dans le vide. C'est comme si après les avoir couvées, je leur avais rogné les griffes. Elles essaient de se frayer un chemin à travers moi et toutes les issues sont bouchées.

Je veux écrire. J'ouvre des documents word dont les pages blanches me narguent. Elles n'attendent rien - ce sont des pages word. Des mots sans queue ni tête ruissèlent dessus. Je ne les vois pas vraiment : il ne s'agit que d'encre virtuelle, dans tous les sens du terme - juste une image. Je veux écrire, mais rien ne vient.

*

Ce personnage, je le sais par cœur, mais dans ce contexte, toutes mes traductions tombent à côté. Ça veut sans doute dire qu'il n'y a pas sa place, mais non, je n'y crois pas. Il doit être là.
Je ne devrais même pas avoir à l'écouter, puisque je le connais. Mais c'est d'écrire un roman, dans lequel j'exprime "à voix haute" des gens dont je n'avais jamais parlé, pas vraiment, qui rend l'exercice si difficile. Je sais très bien être moi, en revanche, je n'ai jamais su me traduire.

C'est comme si avoir parlé de moi, de ce que vous savez ou devinez déjà, était moins intime que de parler des personnages que j'avais inventés. Leur donner vie, c'est me livrer en pâture, tandis que quand je parle de moi, je ne fais que souligner l'évidence.

*

01h25
♫ Enya - The Humming & Echoes in rain

C'est peut-être pour ça, en fait. Pour "faire mon deuil", j'ai verrouillé. Il fallait avancer, n'est-ce pas ? J'ai fait tout ce que j'avais espéré. J'ai oublié. Je t'ai enterrée, maman, comme je l'avais souhaité de ton vivant. Si ça se trouve, j'ai bien plus espéré que toi que ça se termine. Évidemment, je ne pensais jamais à toi en regardant la mer, avant. Ça, ça a changé. Je t'ai oubliée, mais je ne regarde plus l'océan que du coin de l’œil.

Je pourrais parler des funérailles de maman. Mais ça ne sera jamais aussi intime que le piano d'Echoes in rain. Ça ne sera jamais aussi intime que si je révélais ce que j'ai sangloté dans les bras de mes amis imaginaires. Et j'aimerais vraiment vous le dire. Mais je n'y arrive pas.