Mother anger

Mardi 7 mai 2019, 18h54
Transe

Je crois que ce qui m'a le plus foutu en rogne, en fait, c'est d'avoir su dès que je me suis retrouvée à mi-chemin du taf que ça allait être une journée pourrie. J'étais déjà paralysée par une anxiété sans motif. Pas l'angoisse sourde qui me mène à la déprime, mais la fièvre qui me met les nerfs à vif et fait que chaque échange, chaque nouvelle, devient potentiellement une allumette prête à m'embraser. Si je ne possédais pas un minimum de contrôle sur moi-même (dieu merci, hein), je m'arrêterais sur le bas côté pour hurler en lacérant ma peau. C'est physique, faut que ça sorte.

Je n'étais pas souriante, aujourd'hui, j'étais froide et mesurée (sauf quand j'ai fait sortir Gaël, mais j'ai pas crié). Je sentais ma colère tout autour de moi, comme du lierre. Je la sens toujours, en fait.

Cette colère-là est la pire, je crois, car elle me prive de toute autre émotion. Je n'ai pas envie de méditer. J'ai envie de m'y livrer tout entière. Elle me noue la gorge, crispe ma mâchoire et fait trembler mes doigts.

Elle s'accompagne d'une voix médisante, qui est un écho du passé, qui me dit "faut te faire soigner, ma pauvre", et ça ne fait que l'alimenter. Comme s'il n'y avait aucune raison légitime d'être furieux. Comme si la mesure était une réaction normale, même face à l'indicible. Comme si qui que ce soit avait le droit de me juger et de se sentir assez légitime, assez exemplaire aussi, pour me le faire savoir.

Je ne me souviens plus de mes cauchemars de la nuit passée, mais très bien du précédent, et je vois bien qu'il y a des serpents lovés en moi qui n'attendent qu'une occasion pour attaquer. Je ne sais pas comment leur rendre leur liberté, donc je n'ai d'autre choix que d'attendre qu'ils me perforent et qu'ils se barrent.

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