Le refus et le mouvement

Mercredi 12 décembre, 22h12
♫ VNV Nation - Standing (live)


Je viens de revoir L'Ordre du Phénix, et à la fin du combat entre Dumbledore et Voldemort, tandis que ce dernier possède Harry, j'ai réalisé quelque chose que je n'avais jamais compris : c'est pas tant le pardon qui est difficile, que de se prémunir contre la fureur et l'abandon.
Le pardon, c'est autre chose.

Le premier mouvement, c'est le refus. L'unique mouvement. Je m'en suis tenue à la colère, mais elle me consume tout autant que si je m'étais résignée. Rien ni personne ne devrait avoir un tel pouvoir sur moi.

C'est pour ça que les héros en sont, c'est pour ça qu'ils sont badass. Ils sont puissants parce qu'ils sont au-dessus. Ils savent canaliser leur rage, et la transformer en un bruit blanc qui fonde leur méditation. Elle ne les accable pas, ils la surplombent. Elle n'a pas disparu pour autant.

J'ai toujours cru, au fond de moi, que ma colère était ma force, qu'elle me constituait, mais j'ai rarement su la dépasser. Elle est fondatrice, oui, mais pas que de mes cicatrices. Elle suppure en permanence. Elle m'affaiblit, alors que je croyais m'adosser à son aura rouge et destructrice. Je croyais que j'étais puissante, alors que je me recroquevillais à chacun de ses assauts.

Mais j'ai compris. Et tandis que Ronan Harris crie "Are you happy ??" je crois que pour la première fois, je peux répondre que oui.

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La nuit dernière, j'ai rêvé que nous entrions dans une forteresse. C'était un labyrinthe rempli de touristes et, alors que je nous croyais parvenus au terme du parcours, je réalisais que j'avais été abusée par la perspective, et que ce que je savais être la sortie se trouvait au-delà du rempart infranchissable. J'en ai conçu une impatience et une frustration exacerbées. Le rêve a recommencé. Cette fois, je savais où aller. Nous sommes arrivés au bout. Nous ne pouvions pas pour autant sortir. L'impatience s'est muée en anxiété.

Nous avons traversé des pièces lumineuses, des cloîtres, des remparts. Une fois, deux fois... J'ai l'impression d'avoir refait ce rêve en boucle trois ou quatre fois. Je me suis réveillée en sursaut entre chaque itération, et chaque fois que je me suis rendormie, je suis revenue au point de départ. Quand le réveil a sonné, j'ai hésité entre le soulagement et l'angoisse. J'aurais bien aimé sortir ; j'avais l'impression d'être toujours prisonnière de cet endroit sans issue, et bondé.

Comme à chaque fois que je visite en rêve un lieu clos, une impression très fort de déjà-vu nourrissait mon exaspération.

D'après le dictionnaire des rêves de Tristan Moir, "le château est le siège de l’imaginaire humain. C’est, plus précisément, l’imaginaire de l’enfant qui est représenté par le château. Celui qui le visite en rêve est donc en train de se reconnecter avec sa capacité à imaginer ou à créer d’autres mondes, ce potentiel extraordinaire de l’imaginaire créatif de l’enfant. Dans son histoire, l’individu le bâtit, l’abandonne pour le redécouvrir. Ce retour sur soi est aussi une capacité à ré-enchanter le monde.

C’est dans le château, derrière ses murs, dans le labyrinthe de ses couloirs et de ses souterrains, à l’intérieur de ses pièces innombrables que l’individu résout l’énigme, le mystère de la vie. C’est ici qu’il peut un jour découvrir un trésor, celui de sa nature véritable.

Le château un lieu mystérieux, magique où peuvent se dérouler toutes les transformations. Ainsi, l’homme peut l’approcher, mais pour y parvenir, il doit d’abord vaincre le dragon pour atteindre la princesse. L’histoire devient plus universelle. C’est la quête fondamentale de l’homme, la rencontre avec son opposé, sa partie d’ombre."

Derrière le blabla - et la coïncidence des révélations -, je souris (jaune). L'adulte prisonnière de son imaginaire - ses traumas -, l'incapacité à imaginer, à créer autre chose, l'énigme non résolue, la transformation non advenue. N'en déplaise à Vanina autant qu'à mon esprit cartésien, les pièces s'emboîtent, comme d'habitude.

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