(loin d'être incompatibles, les deux sont plutôt complémentaires.)
Mercredi 11 septembre 2019, 21h56
♫ Gigi d'Agostino - Gigi's Time
Quand je mourrai, si vous êtes encore là, j'aimerais que vous tiriez un feu d'artifices (vous prendrez les sous sur mes fonds, évidemment). Pas parce que vous serez trop heureux de célébrer mon trépas ni parce que je suis mégalo, mais parce que c'est une des choses qui m'auront fait le plus vibrer de mon vivant. J'aurai pleuré, j'aurai crié de joie, je me serai sentie incroyablement vivante, chaque fois que j'aurai assisté à un feu d'artifice, même en vidéo. J'aimerais crever dans une extase semblable, quand bien même c'est fort peu probable.
Je suis quelque peu obsédée par la mort, depuis celle de maman, et je m'en excuse puisque vous me lisez.
En musique, il faudra que vous choisissiez entre la transe kitch de d'Agostino que j'écoute en ce moment ou un VNV ou un Two Steps from Hell. À moins que ce ne soit Hell's Bells ou Highway to hell.
(c'est assez bête de laisser des indications sur la manière dont il faudrait nous enterrer, vu qu'on ne sera plus là ; j'en ai conscience.)
J'ai pas encore décidé si je voulais être enterrée ou incinérée. L'enterrement implique les vers, et ça doit être le truc qui me dégoûte le plus au monde (l'autre jour il y en avait dans ma poubelle, j'ai balancé compulsivement de l'essence de lavande dans l'espoir de les éradiquer, mais genre, qu'ils disparaissent purement et simplement.) Mais l'incinération, ça veut dire cesser d'être là. Apparemment, j'ai lu et vu trop de fictions fantastiques, je me suis persuadée qu'il fallait un corps, même dévoré. Je crois que même si vous récupérez les cendres, j'aurai disparu, alors que si vous m'enterrez, je pourrai demeurer dans les parages. (en vrai, je crois rien de tout ça, mais y'a un bug dans mon cerveau entre deux paramètres contradictoires : rationalité versus désir profond d'abolir la mort.)
Du coup, je continue, comme à mon habitude, d'adresser des pieds de nez à ma terreur en la provoquant : en roulant vite, en buvant trop et en ignorant mes douleurs. (rien à voir avec la phlébite, t'inquiète.)
Une partie de moi est persuadée que c'est tellement absurde de mourir, que je serai là quelque part à assister au feu d'artifice, et que ce sera juste comme quand j'étais vivante : un truc fou, un truc qu'il me faudra des années à appréhender, mais néanmoins un truc que je pourrai assimiler et sur lequel créer de nouvelles fondations.
Je pensais à la mort inéluctable de mes beaux-parents (pas qu'ils soient malades, juste qu'ils vieillissent) et j'essayais de concevoir ce que ça fait, de rentrer chez soi après avoir enterré son conjoint. Ça me semble inimaginable. Je devrais arrêter de penser à ce genre de trucs, mais je vieillis, et j'ai compris que j'allais devoir y réfléchir. Que ça allait arriver de plus en plus souvent. Je suis pas vieille, moi, mais des gens n'arrêtent pas de décéder de cancers ou autres saloperies à à peine trente ans.
C'est pour ça que je bois : pour oublier ma terreur adolescente de l'endormissement, parce que s'endormir, c'est comme mourir, en fait. C'est juste qu'on est à peu près persuadés qu'on va se réveiller. Du coup, si je suis ivre, j'y pense pas. Quand j'avais 17 ans et que je ne buvais pas, je ne m'endormais que terrassée par la fatigue.
Je m'étais promis que j'arrêterais de picoler à la rentrée. J'étais persuadée que je le ferais, parce que je me souviens fort bien de ce que c'est de se coucher sobre, et de la sérénité que j'avais ressentie à me lover sur le matelas et à rêver les yeux ouverts. Ce blog est quasiment devenu le reflet d'une déchéance. Je sais que vous y pensez en me lisant : elle sombre. Et la magie du truc, c'est que je continue de penser que tout va bien. Et le fait est que je vais bien. Je vous épargnerai la liste des preuves, qui ne fera que contredire mon propos : se justifier, c'est démontrer qu'on sait qu'il y a un problème et qu'on veut le taire.
L'alcoolisme, c'est un peu le nouveau nom d'Angoisse : c'est sa mutation. (je pense à la gosse qui est morte d'une overdose de... codéine ? Sa mère en a tiré un livre. Je suppose qu'elle aussi pensait "je vais bien, tout va bien", mais je le pense tout de même sincèrement.)
J'ai l'impression d'avoir plein d'occasions de créer des ouvertures. J'ai trouvé, cette année, l'équilibre parfait entre boulot et moi-même. Les heures creuses entre deux cours me permettent de respirer et je me sens incroyablement vivante. La mer m'appelle au bout de la rue. Je bois des cafés en préparant ma soutenance. Je respire. À la rentrée, Béatrice tombait des nues en apprenant que j'étais une personne anxieuse. J'étais tellement contente. D'avoir réussi à ne pas devenir cette fille aigrie sur le visage de laquelle ça se voit, qu'elle a encore vécu un truc pas cool, alors qu'on traverse tous des trucs pas cools. Je veux pas être la meuf qui oublie que machine aussi, elle a eu un été de merde. Je veux qu'on puisse en parler, mais pas qu'on transmette notre mauvaise humeur. Si c'est tout ce que t'as à communiquer aux gens autour de toi, mais rentre chez toi ! Je déteste les égocentrés qui, à force de parler d'eux, oublient qu'autrui a peut-être juste une capacité de résilience plus grande. (ça ne se voit pas ici, mais c'est de la triche : ici, je parle toute seule.)
Et comme je suis alcoolo, mais pas déraisonnable : je m'en vais me coucher, pour avoir mes sept heures de sommeil et profiter de mon cours avec les 3e, à 8h. (troisièmes que j'aime d'amour, mais vraiment : quel pied, de faire cours à une classe pareille !)
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