Nell is in the red room

Dimanche 21 octobre 2018, 01h28

Quand je suis ivre et que je ferme les yeux, j'ai l'impression de descendre à l'intérieur de moi à la vitesse d'un ascenseur lâché dans le vide. Ça me rend malade, évidemment. Pourtant, ça ne m'a jamais empêchée d'écouter Fucking Flesh en décapsulant une autre bière. Ça tourne, mais mon cœur bat, alors tout va bien.
Tout va très, très bien.

Je pense à The Haunting of  Hill House. Dès que je mets le doigt dessus, ça m'échappe. A ghost is a wish.

Un souhait, et un démon. The hauting of Hill House parlait de moi, de nous. Des secrets, des non dits et des spectres qui nous structurent. De la chute interminable à l'intérieur de soi-même, et de comment le temps tourne en boucle dans nos têtes.
Le pire, sans doute, c'est que je n'ai pas envie d'y échapper. On te dit toujours "va ta soigner, guéris, respire". Mais je serai toujours Nell, obsédée par elle-même, repliée sur ses traumatismes, lovée autour de l'angoisse à laquelle on s'abandonne et qu'on chérit, parce qu'elle nous appartient, parce qu'elle est nous et qu'elle nous berce quand on atteint les confins et qu'on se noie en enjambant l'horizon. Je serai toujours Luke et sa foutue addiction, et je serai toujours Shirley qui croit qu'un symbole peut réparer le réel.
J'ai lu sur Babelio ce dont je ne me souvenais pas, la culpabilité que ressentait Nell par rapport à sa mère.
Je serai toujours Steve et son cartésianisme qui l'incite à mépriser les croyances d'autrui. Comme Steve, j'aimerais croire ; comme lui, je sais que les fantômes ne manifestent que nos lâchetés.
Je n'ai pas envie d'y échapper ; comme les protagoniste de cette histoire, j'aime tournoyer à l'intérieur de moi-même et me plait à y trouver des clefs qui ne déverrouillent que moi-même.

Nell is in the red room.

Nell est au cœur, elle a plongé, et Shirley, qui sait réparer, devrait savoir ce que ça signifie. Au cœur de la folie de maman, qui nous a empoisonnés, au centre de tout... La question est : et quoi, après ? Comme à Hill House, ne vaut-il pas mieux tourner autour ? Déverrouiller le centre, n'est-ce pas renoncer ? Une part de moi pense qu'après avoir trouvé cette pièce, il ne reste rien à vivre. Leur bonheur final me semble factice. Bien moins réel que les spectres qui les hantaient.
Si tu peux épeler "éternité", c'est que tu vas mourir.

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