Drunk movements - part IV

Vendredi 23 août 2018, 23h30
♫ Capsule temporelle 2017

Il y a un peu moins d'un an, j'écoutais Lizette Lizette chanter Sober up, depuis mon nid douillet au fond du puits. J'y pense en la réentendant au fil de ma capsule temporelle 2017. Eliness a linké mon article de l'époque comme étant représentatif du Carnet Orange ; ça m'a perturbée. Je continue de considérer ce billet comme un vaste foutoir un tantinet égocentré, mais c'est celui qu'autrui a souhaité mettre en évidence parmi mes écrits.
Je dis "autrui", je devrais préciser qu'Eliness n'est pas n'importe qui. Pour moi, elle n'est pas Perso.Random.n°x. Elle est quelqu'un dont l'opinion m'importe. Et donc, que Sober up l'ait interpellée m'interroge.
_________________________________________________________________________________

Aujourd'hui, j'étais habillée tout en noir, un hasard pas si aléatoire compte tenu du fait que, bah, il y a beaucoup de noir dans ma garde-robe, passé gothiquo-dark-pas-si-lointain-que-ça oblige. Mon collègue JB, que je fuis régulièrement parce qu'il confond drague et harcèlement (mais que j'aime beaucoup par ailleurs) m'a demandée si j'étais en deuil. Personne ne m'avait posé cette question depuis mes quinze ans et le connard à la sortie du cinéma (tu te souviens, Mu ?) J'ai vraiment, vraiment hésité à lui répondre, "bah, ma mère est décédée il y a un an", juste pour voir sa réaction.
Les gens qui se permettent des commentaires sur le physique ou les fringues de leurs contemporains me fascinent, en un sens. T'imagines, je lui aurais répondu oui ?
_________________________________________________________________________________

J'ai souvent pensé que la bienveillance était le vernis de la lâcheté. Y'a des gens à qui je ne peux pas pardonner. J'ai pas assez de compassion pour l'étendre à des personnes qui, de mon point de vue, ne font que s'écouter. Pour vous donner un exemple, les parents de Luna, qui sont sacrément contents qu'elle soit en ULIS parce que ça leur évite de s'investir, mais sont persuadés qu'elle pourrait faire mieux si seulement elle s'en donnait les moyens, sont des personnes que j’exècre. Ma collègue m'a dit : "qu'ils refusent le handicap de leur fille, je le comprends". Ben pas moi. C'est sans doute parce que je ne veux pas d'enfants et que j'ai dû m'en justifier toute ma vie, mais je ne supporte pas les parents qui n'assument pas les leurs.

La bienveillance, pour moi, se traduit généralement par une vaste fumisterie, orchestrée par des personnes qui croient qu'avoir donné leur manteau à 3000 euros à un déshérité équivaut à un acte de charité. J'ai lu la Bible toute jeune (éducation catholique oblige). J'avais pas compris qu'un sacrifice ne te coûtait rien. C'est le degré zéro de l'empathie.

Je repense à la Prophétesse-langue-de-serpent d'un de mes derniers billets. J'en discutais avec Ubik tout à l'heure : ce que je voudrais, c'est que les élèves dont je suis la prof principale se sentent appartenir à une communauté. Ma cinquième A devrait être un havre. C'est ce que je vais m'efforcer de créer. Je ne veux pas qu'ils s'entendent tous à merveille. Je veux que leur classe soit un endroit dans lequel ils se sentent bien. Je leur ai apporté des bouquins, parce que je veux que ceux qui me l'ont demandé aient tout loisir de lire quand ils ont fini leur taf avant les autres. Je leur ai expliqué que si ça les bottait, on pourrait mettre en place un système de prêt, histoire de savoir où sont passés les livres, surtout s'ils ont été apportés par l'un d'entre eux. Ils m'ont répondu : "ah ouais! ce serait le CDI de la 5A !" Exactement. C'est pas que je veuille exclure les autres classes. Mais je veux que la mienne ait l'impression d'être chez elle. Quand je leur ai demandé d'écrire ce qui, d'après eux, permettrait à la classe de bien fonctionner, ils m'ont répondu qu'ils aimeraient avoir des plantes aux fenêtres. C'est trop mignon ! Je vais voir ce que je peux faire. Sans déc', c'est une super bonne idée - à condition qu'ils assument et qu'ils s'en occupent.

00h07
♫ Capsule temporelle 2018

Le lien entre tous ces paragraphes décousus ? Bon, j'imagine que je vais l'inventer du haut de mon ivresse. Je voudrais qu'on se respecte à défaut de se comprendre (sauf pour les connards, mais aucun de mes gamins n'est en âge d'en être un ;)) Je veux que mes 4D arrêtent de hausser les épaules quand il s'agit de s'asseoir à côté de Luna. Elle est chiante, je comprends qu'ils ne l'aiment pas. Mais c'est pas la honte ultime de t'asseoir à côté de quelqu'un que t'aimes pas.

Je voudrais qu'aucun d'entre eux n'ait à vivre ce que moi j'ai éprouvé quand ma prof principale m'a dit : "oh ça va, vos histoires de gamines ! Les autres filles sont bien plus mûres, ça commence à bien faire !" Peut-être que "les autres filles" n'avaient pas autant besoin de réconfort que moi. Peut-être que quand elles rentraient à la maison, elles bénéficiaient d'une famille. Peut-être que c'était pas si important, de fitter à l'extérieur.

Parce que quand la vie n'est pas simple, c'est tellement mieux d'être ensemble
Parce que je sais que le lundi, je vais te parler et te voir
Parce que c'est toi, parce que t'es là, je n'ai plus peur du dimanche soir

Je veux que personne n'ait peur de rentrer chez moi. Je veux que le lundi soit une porte de sortie. (putain Mu, je te hais... Quand j'écris des choses qui sonnent déjà bien assez sentencieuses, et que démarre Light of the seven. Putain, ce que les premières minutes me font penser à Enderal.)


♫ Enya - The Humming

 And all the winds are like a kiss / And all the years are nemesis

Je sais hein, que je l'ai déjà écrit vingt fois. C'est juste que depuis Aurora, personne n'avait jamais écrit un truc dans lequel je me reconnaisse. C'est pas tant le fait de trouver une parenté, que la coïncidence. Vous savez que j'aime les signes. Même si ça me fait mal, j'aime qu'on écrive à ma place. Les pièces du puzzle, tout ça. Bien sûr que le monde tourne autour de moi. Je n'en vois que ce qui m'arrange. C'est l'essence des signes. Ils ne sont destinés qu'à ceux qui regardent.

Je suis tellement, tellement ivre.

J'ai toujours tellement aimé ce mot, "ivresse". Mon seul regret, c'est que j'avais espéré réaliser ses promesses... sobre. Ça fonctionne avec une classe avec qui le courant passe. Quand ta passion traverse le polycopié.
Julia ne se souvenait pas des vers d'Antigone. Elle les avait clamés avec une telle passion que j'en étais restée pantoise, et je n'étais pas la seule. Vingt ans après, elle ne s'en souvenait pas. Je sais pas comment on peut oublier Antigone, a fortiori quand on l'a incarnée. Mes collègues font Antigone en troisième. Je vais pas me gêner, du coup.
_________________________________________________________________________________
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement?

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi, comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme, au passant qui chante, on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson
 _________________________________________________________________________________

Le vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l'horizon
Quelques mots d'une chanson
Que c'est beau, c'est beau la vie

Un oiseau qui fait la roue
Sur un arbre déjà roux
Et son cri par dessus tout
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi

Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Le jazz ouvert dans la nuit
Sa trompette qui nous suit
Dans une rue de Paris
Que c'est beau, c'est beau la vie.

La rouge fleur éclatée
D'un néon qui fait trembler
Nos deux ombres étonnées
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Tout ce que j'ai failli perdre
Tout ce qui m'est redonné
Aujourd'hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée

Pouvoir encore partager
Ma jeunesse, mes idées
Avec l'amour retrouvé
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Pouvoir encore te parler
Pouvoir encore t'embrasser
Te le dire et le chanter
Oui c'est beau, c'est beau la vie.

Je suppose que je vous ai déjà dit à quel point j'aimais Jean Ferrat. J'y reviens toujours. J'aime pas la chanson française. J'aime pas ses fanfaronnades, ses postures, j'aime pas leurs 'r' roulés pour imiter Brel. J'aime pas qu'un texte, même bon, me déconcentre de la musique. Mais j'aime Ferrat. Et Yves Simon. Je le connais encore par cœur.

Et dans un vieux poste à galène
Traînait l'âme des poètes

L'exemple même de je-sais-chanter-mais-je-n'ai-rien-à-ajouter :


Sérieux. Désolée, mademoiselle, mais t'as rien à raconter.

En revanche, je suis assez convaincue par Hochi. J'espère qu'elle écrit ses textes.


 (ne regardez pas le clip, tout ce que ça va faire, c'est vous déconcentrer.)

À ma grande honte, j'aime beaucoup le dernier Calogero



Il y a certains jours où je reprends mon skate / et je vais faire un tour en 1987.
J'adhère, et j'ai super honte.

2 commentaires:

  1. Ne juge pas trop vite la bienveillance. C'est à la base un acte des plus profond et positif que je m'efforce de vivre à chaque souffle.. Qu'est-ce que l'Altruisme si ce n'est en premier lieu la bienveillance ?
    Au delà de soi-même et de nous, au delà de notre imagination temporellement limitée... ?

    RépondreSupprimer
  2. Je pense que nous sommes tout à fait d'accord, et nous l'étions déjà à l'époque. Je parlais ici de "fausse" bienveillance. De ces gens qui sous couvert d'altruisme, se félicitent surtout eux-mêmes d'exister.

    RépondreSupprimer