Jeudi 25 janvier 2018, 19h16
♫ Nachtblut – Antik
C’est assez impressionnant, la profondeur de mes mauvais goûts musicaux. J’ai juste un truc pour me rattraper : j’écoute pas de mauvaise musique en français (enfin, j’adore Indochine, mais chuuut). Là, je n’ai pas la moindre idée de ce que racontent les textes, donc je peux plaider la naïveté.
Après, tous les chroniqueurs metal ont eu beau conspuer cet album (à juste titre), je ne pense pas qu’il s’adresse à eux. Nachtblut, et ce titre en particulier, c’est clairement dédié aux midinettes comme moi. Aux fans de Daniiiiii-il-est-trop-beau et de Blutengel parce que c’est teeeeeeellement goth. Et je suis désolée de vous le dire, mais on a le droit d’exister. Avec nos ongles noirs, nos mèches violettes et nos dentelles déchirées, on vous fait peut-être mal au cœur, mais dans nos sanctuaires adolescents, on emmerde personne.
Je dis ça parce qu’une des chroniques que j’ai lues stigmatisait clairement les goths, et encore, une catégorie apparemment trop honteuse pour avoir même le droit au respect. Comme si gotheux et metalleux, c’étaient deux facettes d’une même culture supérieure. Comme si on formait une grande famille aristocratique – enfin, avec sa branche de parvenus qui foutent la honte aux « Vrais ».
Moi, ce genre de morceau me rappelle l’époque où je lisais Armand le vampire en écoutant en boucle la même chanson de To/Die/For (c’était Vale of Tears, pour ceux que ma midi-gothitude intéresse). Et je peux vous dire que je me rappelle cette période avec beaucoup d’affection. Je m’y sentais bien.
Je veux dire : pas tout le temps. J’allais même plutôt pas très bien, en ce temps-là, quoique quand même mieux qu’après et moins mal qu’avant. Mais quand je me réfugiais dans ce monde merveilleux où des beaux gosses maquillés parlaient de vrai amour romantique sur des mélodies piano-guitare, j’avais le cœur gonflé d’espoir.
J’ai passé un nombre très conséquent d’années à rêver de mecs aux cheveux longs avec du khôl sous les yeux – parce que j’ai un gros problème avec la virilité telle qu’elle est supposée s’incarner. Boys don’t cry, alors que moi je les voulais vulnérables et gaulés comme des pieds de micro.
Vendredi 26 janvier 2018, 10h42
♫ Faderhead – The Svlphvry Void (Faderhead Remix)
Franchement, je regrette rien. D’ailleurs, je porte toujours des mitaines-manches noires à cœur roses – plus midi-punk que midi-goth, certes – alors que je fêterai (pas) mes trente-quatre ans cette année. Parfois, ça m’affole un peu de penser que d’ici quelques années, on me considérera avec la pitié qu’on réserve aux gens qui refusent de se voir vieillir. Mais bon, peut-être que d’ici quelques années, je n’aurais plus envie de mettre ce genre de trucs. Après tout, j’ai arrêté la mini-jupe écossaise quand j’ai passé la barre des cinquante kilos. J’ai ma fierté, quand même.
À un moment, je me disais que c’était pas juste, parce que les artistes peuvent se permettre beaucoup plus de fantaisies que nous, pauvres mortels. Il ne viendrait à l’idée de personne de dire à vx69 d’arrêter de jouer avec la peinture, ou à Queen Adreena d’enfiler un pull. Puis j’ai réalisé : moi aussi, chuis une artiste. Et prof de français, avec ça. Je partage avec ceux d’art pla et de philo le droit à l’excentricité. Vous n’avez pas remarqué qu’il n’y a que parmi nous qu’on trouve des motards, des dandies ou d’anciens teufeurs à écarteurs d’oreille ? En vérité, je vous le dis : c’est nous, les gotheux à paillettes, les romantiques, les désaxés, qui dirigeons le monde.
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